samedi 17 novembre 2012

Alger Montrouge

Deux cartes postales pour retrouver le très beau travail de Fernand Pouillon.
On verra que les images ne donnent pas toute la mesure des détails, des raffinements d'espaces de l'architecture de Monsieur Pouillon. Pourtant c'est bien par des images de ce type que nous pouvons aussi aimer et lire une architecture délicate, habile sur les perceptions et puissante sur sa noblesse.



Nous sommes à Alger au pied d'une tour de la Cité Diar El Mahçoul grâce à une édition Jomone. On est d'abord saisi par l'élan de la construction qui semble monter vers le ciel. Puis l'œil est pris par le traitement du mur qui monte jusqu'au balcon de bois accroché comme une sorte de broche précieuse sur  ce volume en apportant une citation à l'architecture locale en ayant la franchise brutale de ne pas faire décor.






La volumétrie, les matériaux comme toujours chez Pouillon sont ses moyens de produire une architecture volontairement noble et ambitieuse sans les effets de pastiche et des errements du post-modernisme. En fait, toujours chez Pouillon sa culture forme son classicisme. On notera là encore la grande qualité éditoriale de cette carte postale.



La rigueur est ici localisée à Montrouge dans la résidence du Fort. Le photographe des éditions Abeilles-Cartes pour Lyna est pris au piège génial de l'accentuation des perspectives que Pouillon grand amateur et éditeur d'Androuet du Cerceau connaît parfaitement : les lignes de fuite allongées par le jeu de différenciation et de rupture dans le dessin de la façade ! On voit comment un architecte sait les qualités de la Perspective, sait l'utiliser sans la considérer comme une ignominie culturelle, un errement de nos sens.
Comme un bâtiment posé sur un autre, la ligne du balcon perpétue à l'infini la ligne de contact et allège ainsi la masse sans la renier.
Une fois encore, le traitement des matériaux, la qualité des espaces ouverts ou fermés, leur alternance, font de cette résidence un exemple de maîtrise des "sentiments" de l'espace.
On s'attachera étrangement sur cette carte postale aux deux seuls points de couleur de cette façade :





Pour ceux qui ne connaissent pas encore l'œuvre de Fernand Pouillon, pour ceux qui veulent en savoir plus, il existe ce toujours très précis site internet.