lundi 13 août 2012

brutalisme de campagne

En partant de deux cartes postales, s'interroger à nouveau sur la valeur de certaines formes dures sur nos horizons posées.
Car, sur la route des vacances (des miennes en tout cas) j'ai pu viser au travers de mon pare-brise quelques-unes de ces constructions utilitaires qui forment souvent les seuls points hauts, les seuls gratte-ciel de nos campagnes : les silos.
Voici un exemple d'une belle carte postale du genre :



















Nous sommes à Castelnaudary devant les silos dont la carte postale Real-photo Cap nous donne même le nom de l'architecte, car, oui il y a un architecte pour ce type d'objet que j'aime beaucoup : ici c'est Monsieur L. Trevisan.
Regardez ce morceau de paysage, comment le photographe fait jouer deux typologies du béton l'une contre l'autre, le pont (système Freyssinet ?) et les silos. La densité des formes du silo lui donne même une allure de ville et la beauté parfaite des verticales s'amuse des piliers du pont. Le ciel est d'un gris Bernd et Hilla Becher parfait.
On sait comment Le Corbusier a souvent utilisé les silos comme génie d'appui pour la modernité, on perçoit pleinement ici la valeur constructive et paysagère de ce genre d'objet brutaliste, valeur accentuée souvent par l'isolement de ces formes dans le paysage. Ils surgissent, montent, pèsent sur le territoire. C'est leur force et leur beauté. Ne dirait-on pas des monuments d'Art Déco tant les décrochements des volumes, cylindres comme des colonnes et piliers aveuglés, génèrent un objet architectural puriste.
Un autre ?


















Cette fois nous sommes à Affreville en Algérie, devant les nouveaux docks grâce à cette très belle carte postale Combier colorisée.
N'est-ce point là un temple élevé à la gloire du blé ? Quatre silos à gauche, deux à droite enserrent une construction qui doit renfermer le système de remplissage du grain (?)
La composition est superbe, le bâtiment surgit tel une bastide imprenable dont les seules ouvertures verticales seraient comme des meurtrières. Au sol, une villa bien sage offre sa géométrie simple. Il s'agissait bien là aussi de dépasser le cadre du programme pour offrir aussi un monument. On rira sans doute un peu des couleurs pastel dans lesquelles je trouve pour ma part comme la trace d'un regard attentif dans leur audace naïve.
Maintenant, sur ma route j'ai vu tout cela et pas seulement des silos. Je l'ai vu au travers de références bien connues et familières mais sans parfois l'œil des défricheurs. Je me suis amusé là, garant la Twingo un peu vite, sautant du véhicule tel un inventeur de trésor à ne voir que le commun des autres. Finalement on est le touriste qu'on peut, accrochant à son exotisme rien moins que la banalité des familiers. C'est aussi cela voyager et voir et cela n'a rien de cynique. C'est une manière d'aimer.

Silos à Toury :

























Ce beau dôme ne vous fait pas penser à Buckminster Fuller ? Il est pourtant en France, sur la Nationale 154 à la sortie de Chartres et n'est qu'un silo pour une gravière. C'est là, sans doute, l'une des plus belles choses architecturales sur ce trajet.

























La restauration du clocher de l'église de Saint Rémy-sur-Avre donne l'occasion d'un volume translucide et diaphane qui me fait penser à Cap Canaveral. Ce bel édifice provisoire est dû à la société Entrepose spécialiste en échafaudages dont je vous conseille de visiter le site pour voir des réalisations époustouflantes ! On notera aussi pour les plus curieux, de très beaux graffittis du 17ème siècle sur les pierres extérieures de l'église.




























Une pizzeria en construction permet soudain de voir une architecture de panneaux de particules dont sans doute cet aspect temporaire sera le seul moment de gloire architecturale !
Allez pour rire un peu, la pizzeria fait partie de la chaîne Del Arte ! On croit rêver... Par respect de l'architecture, je ne vous donnerai pas le nom de l'architecte car croyez-moi il y en a un.