samedi 3 mars 2012

comme si...

Vous avez eu peur.
Moi aussi. Je suis trop accro à ce travail et à vos avis pour vous laisser plus longtemps.
Je suis revenu des profondeurs du côté obscur de la Force. La colère est parfois nécessaire mais elle est une mauvaise compagne.
Je cherche donc une solution pour maintenir entre mes images (au sens de collection) et internet un moyen de liaison. Si vous avez des idées...
Merci et pardon pour votre inquiétude.

Pour reprendre le fil quoi de mieux qu'une icône. Je vous propose donc une carte postale représentant l'un des plus éminents monuments modernes du siècle passé : la Maison du Peuple à Clichy :



Cette carte postale Abeille en véritable photographie au bromure (sic) nous montre surtout le Boulevard du Général Leclerc, le véritable libérateur de Paris (et pas l'usurpateur habituel).
Sur la gauche, très discrète finalement, la Maison du Peuple affiche sa façade régulière. Presque comme si... de rien n'était.
Pourtant on sait aujourd'hui l'importance de cette construction dans la modernité architecturale.
Je ne vous ferai pas un cours (j'en suis hélas incapable) sur cette construction et ses avancées mais l'on peut une fois de plus remarquer que la photographie de cette carte postale tout en jouant sa fonction habituelle de témoin piétonnier et de localisation (objet pour voir) ici ne peut s'empêcher de caser dans un coin la modernité presque en s'en excusant. Il n'y a pas de fierté moderne dans cette image, la Maison du Peuple est là un peu par hasard, juste sans doute un peu plus visée que le camion. On remarque que l'arbrisseau est bien plus dans le cadre ! Mais sans doute que le photographe dans cette fenêtre n'a pas su (voulu) se refuser à cet élément qui ajoute un peu de piquant à cette vue de Clichy qui sans lui pourrait bien ressembler à n'importe quel boulevard d'une ville moyenne en France.
Ici l'architecture moderne vient comme signer le lieu, le différencier, c'est bien souvent le seul argument de sa présence. Mais vous me direz que finalement, dans sa discrétion, l'architecture joue son rôle n'ayant pas à faire autre chose que de remplir son programme. Souvent la carte postale offre l'opportunité aux constructions modernes d'éteindre le néon qui vibre sur leur fronton " I am a monument" pour juste faire de la ville, celle que l'on arpente, que l'on utilise, un lieu de collage et de vie des espaces.
Il est certain que Messieurs Beaudouin, Lods, et Jean Prouvé n'auraient rien demandé d'autre. Et je suis aussi certain que le "ça" de cette carte postale pourrait bien être pour d'autres le camion ou les persiennes fermées du second étage...
Finalement chacun vise son image, chacun vise ses lieux.
Et j'entends aussi gronder au loin les chenilles des chars Leclerc...
détails :




Je trouve dans le numéro 5 d'Architecture d'Aujourd'hui de 1939 un article (Pierre Vago) consacré à la Maison du Peuple, en voici quelques extraits. On remarquera que Pierre Vago oublie Jean Prouvé !





On trouve dans le même numéro une publicité pour les Ateliers Jean Prouvé qui oppose les échafaudages du béton et la pose des façades métalliques... Étonnant !



3 commentaires:

Print24 a dit…

Superbe carte! blog très intéressant et complet! Merci

Loïc a dit…

Merci pour votre retour !
Effectivement j'étais inquiet.
Votre blog est superbe !
Encore merci.

DelphSz a dit…

Superbe bâtiment en effet, j'en ai profité pour regarder l'ensemble de vos messages consacrés à Prouvé et ai découvert le Restorama de Louis Simon. Je vais aller voir ça de plus près. Merci