lundi 2 mai 2011

Taizé ? Réconciliation.

D'abord il y aurait un toit superbe.
Des triangles en caissons emboîtés formeraient le lieu, la protection.
Viendrait un enceinte forte, presque massive, la protection.
Comme généreuse et en même temps cachée sous l'auvent de la toiture une entrée, la protection.
Et puis autour les herbes folles sur un terrain sec s'éparpillent et résistent.
C'est sévère ou solide.


L'église de la Réconciliation de Taizé date du début des années soixante et serait de Monsieur Denis Aubert, architecte. Mais je n'en suis pas certain.
Ce qui est certain c'est que cette église est celle de la réconciliation franco-allemande puisqu'elle fut construite dans ce sens.


Voyez comme son intérieur sait mêler une économie décorative à un grand sens de l'espace. Tout cela produit encore une sensation spatiale assez réussie et l'énorme mais gracile chandelier tendu depuis le plafond accentue encore cette sobriété.
On retrouve le caissonnage superbe et on aperçoit les vitraux comme des petites saignées de lumière dans le mur.
Un peu plus près et en couleur :


Le Chœur est très bien mis en valeur par le photographe qui joue lui aussi de l'économie décorative et compose son image d'une belle manière. Voyez comme le pan de mur rouge vient répondre au rectangle brodé de la nappe, voyez comme la ligne noire du cercle du chandelier compose et rythme la hauteur.
La simplicité est parfois incroyablement plastique !
La réconciliation franco-allemande pour moi c'est ça :


On pourra penser ce que l'on veut de la portée symbolique et politique de ce geste mais il m'avait à l'époque profondément ému. (Et encore aujourd'hui)
Parfois, il faut savoir user de symboles.
J'aime la tension du bras de François Mitterrand qui va chercher celui de Helmut Kohl. La différence des tailles des deux personnes aurait pu rendre cela ridicule mais l'aspect monolithique de ces deux silhouettes qui se contactent de la sorte prend une force profonde et digne.
Je pense alors toujours à mon grand-père (deux fois prisonnier, deux fois échappé, battu, repris) je sais qu'il était vivant encore en 1984, qu'il a vu cette image, qu'il l'a comprise, qu'il l'a admise. Il voulait que j' apprenne l'allemand. J'ai essayé pour lui, je n'ai pas réussi.
Mais cette photographie, cette église, cette réconciliation sont profondément inscrites chez moi et même, elles me sont indispensables. Une protection.



Les deux cartes postales en noir et blanc sont de chez Combier éditeur. Celle en couleur est une édition les Presses de Taizé.
Pas de date ni de nom de l'architecte.