mardi 2 novembre 2010

Le Corbusier, Dark Vador et Xénakis

Je me décide à faire un article fourre-tout (j'adore cette expression) avec des cartes postales dont Le Corbusier serait le point commun.
Parfois je n'ai pas d'idée pour orienter ou justifier un article, disons que dans ce cas cela me permettra une fois pour toutes de ranger ces cartes postales dans le classeur adéquat.
Alors un peu rapidement mais surtout pour jouir de la belle architecture et des belles images voici une promenade corbuséenne (oh... c'est beau aussi ce mot...)


Cette carte postale je l'aime tout particulièrement. Pourquoi ?
J'aime l'évident et construit contraste entre l'architecture du couvent et l'architecture de la bure du dominicain qui pose là, c'est certain.
Tout est en contrastes et cela fonctionne parfaitement comme si on avait posé une peinture de Zurbaran devant une peinture de Ozenfant.
La carte postale Combier nous donne beaucoup d'informations, le Corbusier est bien nommé, on sait que nous sommes devant l'angle sud-ouest du couvent des dominicains d'Eveux et que nous sommes en 1964 !
Mais on voit aussi très bien comment le couvent est accroché au dénivelé du terrain.
Le dominicain est comme un témoin, un personnage qui nous introduit au point de vue. C'est un peu comme si nous avions fait la visite avec lui.
Bien évidemment la rigueur du dessin, le jeu des pleins et des vides, la simplicité relative des détails sans effets sculpturaux, la matière même du béton, son naturel, tout cela concorde à faire de cette construction l'un des actes de création du brutalisme finalement ici assez proche d'une construction romane.
Pareil et tout à fait différent :


Cette carte postale Combier assez incroyable ne nous montre pas l'intérieur de la Chapelle de Ronchamp mais bien l'extérieur de nuit !
Cela nous permet une nouvelle fois de voir la ligne d'espace entre le toit et le mur, faire monter les trois matières du béton et des ombres incroyables semblant dessiner à leur tour des formes inédites.
Je vous rappelle que cet espace sert à faire des messes à l'extérieur lors des pèlerinages.
Qui décida de l'emplacement de ces éclairages qui redessinent finalement le lieu ?
le Corbusier lui-même ?
Je m'amuse à mettre cette image en négatif : on pourrait presque se croire à l'intérieur !


Toujours Ronchamp :


Ici on se retrouve devant une carte postale dont le photographe est Lucien Hervé dont nous avons évoqué le travail ici déjà.
Le point de vue est étrange, presque malhabile.
La petite guérite d'entrée ressemble à un bunker, le panneau de sens interdit est au milieu de la ligne de sol, le blanc trop dur de l'image cuit la ligne de la chapelle qui semble presque artificielle.
Vraiment étrange...
On trouve bien au dos le nom de l'architecte et celui du photographe ainsi que la référence E. 111.227. Que cela signifie-t-il ?
Encore :


Cette carte postale de Ronchamp bien que plus classique semble plus... juste.
Le cliché est de Freytag (?) et l'éditeur reste la Société Immobilière de N.D du Haut.
Des animations sont sympathiques et on peut même croire que Dark Vador lui-même est en visite, si si, regardez là !


Le bassin de récupération des eaux de pluie semblent très intéressant !

Parfaite lumière égale, parfait cadrage, tout ici est au service de cette architecture-sculpture.
Je reste toujours perplexe devant la difficulté à comprendre la forme du toit !
La carte est datée de 1962.
Bien moins photographiée :


Cette carte postale de l'immeuble de Le Corbusier (sic) possède sur son verso une curieuse correspondance : "je pense que, avec un bâtiment comme celui-ci nous n'aurions plus besoin de travailler n'est-ce pas ?"
Curieux non ?
Travailler à quoi ?
La photographie est floue, ne possède pas de profondeur, ne semble vouloir que verdir la façade avec quelques arbres.
Il s'agit d'une édition Aris.
Une autre cité radieuse :


La carte postale Chapeau pour Rosy nous emmène cette fois à Rezé les Nantes devant la cité "le Corbusier" c'est comme cela que c'est écrit.
L'immeuble serait bien en cours de finition, un portique est encore visible et ce n'est pas un jeu pour enfants.
Les spécialistes s'amuseront des différences entre le traitement du toit de Rezé et celui de Marseille.
Nous nous contenterons de voir à quel point la photographie ici tasse le bâtiment, le ramasse et l'installe là aussi dans un parc verdoyant.
Le sapin maigrelet au premier plan joue parfaitement le contraste avec la masse. Et le jeu des gris nous rappelle les jeux de polychromie de la façade.
Un peu de polémique :


On sait que ce Pavillon Philips de la foire internationale de Bruxelles en 1958 est autant dû à Iannis Xénakis qu'à Le Corbusier.
On pourrait même dire qu'il est un peu plus de Monsieur Xénakis...
Mais l'histoire continue de l'attribuer à Le Corbusier. Alors...
Surtout il est d'une grande beauté. Et il pourrait bien être l'œuvre d'ingénieurs capables, eux, de produire dans le réel les enthousiasmes des deux hommes !
Dans le numéro d'Architecture d'Aujourd'hui de mai 1958, on retrouve des images de Lucien Hervé et le nom de Xénakis apparaît dans l'article mais pas dans les collaborateurs...