dimanche 31 octobre 2010

un scénario pour Joachim



La Fiat 600 rouge vif était certes pratique mais finalement peu adéquate pour viser les plans possibles du futur long métrage au travers du petit pare-brise.


Pourtant Joachim avait bien entendu les dernières découvertes sur la perspective de Claude Lothier et avait cru en sa théorie que la langue hollandaise permettait de faire dudit pare-brise un élément de traduction pour... perspective.
Mais tout cela était un peu compliqué et pour le moment il était saisi, là, au pied de l'Hôtel de Ville de la Baule par ce mariage qui se déroulait juste sous ses yeux.


Il n'aurait pu rêver d'un tel hasard alors qu' il venait là en repérage pour voir comment allier cette architecture moderne et la scène finale de son film.
Il s'agissait d'une histoire à l'eau de rose assumant tous les clichés des films de Lelouch (et il y en avait !) avec ceux plus jubilatoires des sitcoms de TF1.
Il avait toujours voulu ainsi rire des plans et des langues de ces moyens de production surtout depuis qu'il avait entendu la productrice de l'émission Secret Story dire que celle-ci était, sans rire, un type d'écriture...
Joachim regardait tout à son aise la mariée et son époux, la blancheur de sa robe jouant avec la peinture de la Renault 16, chef-d'œuvre de Monsieur Charbonneau son designer.


Mais Joachim se demandait bien qui pouvait être l'architecte de cet Hôtel de Ville de la Baule. Il lui faudrait demander en rentrant sur Paris à ce type un peu loin qui collectionne à n'en plus finir les cartes postales de ce genre de constructions à la fois incroyablement belles et désespérément pompidoliennes.
Et ce type s'étonnerait à son tour que la Fiat fût immatriculée dans la Seine Maritime.
Joachim tourna autour de l'Hôtel de Ville, se réjouit de sa prise au sol comme sur une colline artificielle, du très beau vide central.
Joachim faisait ce geste si particulier des cinéastes qui croisent leurs mains devant eux pour imiter et penser leur futur cadrage.
Toute la scène se déroulait tranquillement avec le vrai jeu de la vraie vie toujours toujours, se disait Joachim plus belle et plus magique que le cinéma et cela dès l'apparition des enfants.
Mais lui, il n'aurait pas comme le photographe de cette carte postale Jack mis les pétunias au premier plan.
Il finit par avoir sa réponse : les architectes de cette merveille provinciale et institutionnelle étaient messieurs Durand et Ménard.
Le cliché était de Judic à Guérande.
Et c'était en 1976 que finalement Joachim avait fait ce voyage à la Baule.


si vous aimez le cinéma vous irez voir le blog de Joachim ici.