mardi 10 août 2010

la Sainte, le voile et le béton

Hier nous avons vu que parfois entre la maquette et la réalisation, il pouvait bien y avoir quelques écarts.
Grâce aux commentaires de Janvier nous avons eu des explications sur ces différences dues semble-t-il a des questions financières. Mais nous avons aussi lu la radicalité de Le Corbusier et son intransigeance.
Reste qu'il y a des constructions qui passent l'examen de la maquette avec succès. Du moins c'est ce que les cartes postales pour le moment laissent croire.
Vous allez être bluffés par les cartes postales qui suivent. C'est impossible autrement.
Elles nous présentent une église (oui encore...) moderne mais surtout elles nous montrent comment cet enjeu programmatique a su jouer d'une question technique : le voile de béton.
Nous sommes à Belfort et l'église est pour Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus.
Voici deux magnifiques cartes postales de la maquette :


Déjà...
Étrangeté de ces images aux contrastes très durs où la présence du noir fait une nuit permanente sur le futur projet d'église. Nuit qui pourtant n'arrive pas à éteindre la lumière sur le campanile isolé et surtout sur la coquille du toit. La maquette est peu précieuse, on la sent un rien pauvre.
Mais c'est vrai qu'il est difficile de lire avec ce noir. Ici en tout cas pas de tentative de représenter le réel dans ces images, pas d'effet de modéliste de chemin de fer, pas de faux ciel.
Une sorte d'expressivité de la forme de la future construction, une radicalité de l'éclairage qui construit un jeu de cartes postales extrêmement fort et presque inquiétant.
Nous n'avons malheureusement aucune information d'éditeur, de photographe, d'architecte. Je peux seulement vous dire qu'il s'agit de papier photographique et non d'une image tramée. le dos est bien divisé comme une carte postale et l'ensemble est bien nommé.
Et alors...


Comment vous allez ? Je vous avais prévenu...
Magnifique image, magnifique carte postale qui rassemble plein de belles choses. D'abord l'objet architectural tout entier dans la suspension de ce voile de béton semblant flotter dans les airs et disparaissant sous le trop blanc du ciel. Le voile est comme tendu par les bords mêmes de la carte postale. Cette fois nous avons un éditeur : Lapie. Et nous avons le nom de l'architecte Pierre Dumas.
Le voile mince se fond donc au ciel et les traces du coffrage strient sa surface interne. On devine à peine les deux points d'appui.
La grille des ouvertures au fond offre en contre-jour les silhouettes des constructeurs. Le moment du chantier est toujours un moment beau et rare dans les cartes postales et que les éditeurs aient pensé que cet état ici à Belfort méritait une édition prouve que la beauté du geste technique pouvait être aussi d'un intérêt fort pour les visiteurs.
C'est tellement vrai que sur les deux cartes postales Lapie il est bien indiqué : le voile de béton après décoffrage. J'aurais beaucoup aimé voir le coffrage !
Voici la deuxième :


Oui.
Je sais. Inouï.
La grande surface noire et sombre du voile de béton sert déjà d'abri, sous sa visière le curé et un constructeur regardent le photographe.


Au pied toutes les chutes de bois du coffrage finissent entassées contre le mur.
On lit sur ce cliché un peu mieux l'épaisseur du voile. Celui-ci semble déborder énormément du socle et partir bien en avant. Illusion d'optique, déformation de l'objectif photographique. En fait, la vue depuis le satellite nous montre bien que l'église Sainte Thérèse n'est pas symétrique. Nous sommes donc devant l'auvent le plus grand.
Ce genre d'architecture mise tout sur l'expressivité technique et j'aime beaucoup ça.
Pour finir une vue de la maquette à nouveau nous montrant cette fois l'intérieur et ses aménagements.


On devine bien l'autel et les orgues. Et on comprend que la messe a lieu devant le pan de verre ouvrant l'église à la vie extérieure. On voit aussi que finalement la coque n'est qu'un des éléments de l'ensemble architectural, on devine un grand mur faisant étrangement une limite et occultant un rien le pan de verre mais on devine aussi à gauche des pièces et une chapelle plus petite dans un plan carré.
N'oublions pas le beau campanile qui ne manque pas de grâce.
Ne me reste plus qu'a dénicher une carte postale de l'église Saint Thérèse de l'Enfant jésus de Belfort mais nous montrant celle-ci terminée.