jeudi 29 juillet 2010

Dentelle toute fraîche


La carte postale est encore tiède des doigts de la factrice.
Cette carte postale nous montre la Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais par les architectes Moatti et Rivière.
Plus précisément encore l'aile contemporaine, façade courbe en verre sérigraphié.
On devine l'effet de creux et de bosse sur cette façade qui semble ainsi subir une onde mystérieuse qui la déstabilise. Il est question ici de référence directe à l'objet même de ce qui est protégé par le musée car le motif et la souplesse de cette façade évoquent les cartons perforés des métiers à tisser la dentelle.
C'est, on en convient spectaculaire et iconique.
Il faudrait s'amuser à établir une liste des bâtiments qui citent ainsi leur contenu programmatique sur leur façade.
Je pense par exemple, pour rester dans le contemporain, à Manuelle Gautrand et le centre Citroën sur les Champs-Elysées avec son jeu graphique autour du logo aux doubles chevrons de la marque automobile.
Mais cette dernière fait structure.
Ici c'est moins certain.
Il faudrait aussi se demander en quoi cela est nécessaire pour faire architecture. Il s'agit bien là je crois d'une question d'image et d'assurance sur la modernité, d'une manière d'excuse presque, de justification de cette modernité s'obligeant à la référence en un jeu de miroirs et de langage.
Reste sans doute une façade finalement assez étonnante mais qui une fois la déclaration d'intention passée ne devient qu'un geste de plus. Le spectacle.
Il y aussi le très beau porte-à-faux. Cela m'intéresse un peu plus. J'aime l'idée de la suspension d'une forme même si le pilier (pilotis) peut aussi être l'objet d'une recherche structurelle et formelle. Mais je suis toujours sensible à un volume en équilibre et au lieu et à la méthode qui permettent cette tension équilibrée entre chute et suspension.
Alors on peut sur You Tube trouver l'un des architectes évoquer cette construction. On peut entendre comment le langage achève finalement l'intention architecturale, comment cela emballe :
"... mais vous savez un bâtiment ce n'est pas le flacon mais le parfum qui en reste..."

Merci à Claude en tout cas pour cette nouvelle pièce dans ma collection.