samedi 22 mai 2010

machin nautique

Si on aime le presque, l'hésitant, l'ironie facile...
Si on aime jouer au jeu des ressemblances ou au contraire des différences, on aimera ça :


Nous sommes en Espagne devant le club nautique à Empuriabrava sur la Costa Brava.
Un machin qui ressemble à une ziggourat trop courte juchée sur les ponts d'un paquebot.
Et je ne sais pas trop quoi en penser.
Si je veux jouer, je trouve cela, oui drôle, un rien forain un rien... rien.
Par contre si je veux avoir la dent dure je trouve cela un peu joli, enfantin, un truc pour les gosses.
Je ne sais pas pourquoi, des fois, ça ne passe pas.
Pourtant il n'est pas méchant ce truc, il ne veut de mal à personne. Il tente un accouplement étrange, marin et archéologique, qui pourrait me plaire.
Mais non.
Ça ne passe pas.
Je lui ai tout de même donné sa chance, je vous le montre. Et vous ?
Pour les adorateurs de la tour de Babel ornée d'un phare je vous propose la version nocturne avec coucher de soleil.


A moins que cela ne soit le lever...
Mais là, vraiment j'en ai rien à battre !
Au dos, une fois de plus Franco s'est pris le tampon de la poste en pleine figure, c'est souvent réjouissant l'Espagne.

la ceinture rouge



Nous pourrions nous être donné rendez-vous devant le Théâtre des Amandiers à Nanterre.
Nous aurions regardé les volumes simples, bien clos, construits en suivant le programme de l'édifice avec une sorte d'honnêteté, sans fioriture.
Nous aurions, le guide d'architecture contemporaine en France dans notre main, lu la critique assez acide qui en est faite.


Mais nous aurions aimé ce bâtiment tout de même, jubilant encore de l'image de la carte postale Raymon et de la réalité de la ville. Vous auriez tenté de trouver le point de vue exact du photographe en traversant sans regarder l'avenue Pablo Picasso et le bus vous aurait frôlé d'un peu trop près.


Nous aurions alors à pied décidé d'aller rejoindre les immeubles MH7 de Monsieur Kalisz. A droite, au bout de l'avenue nous aurions pris la rue Frédéric et Irène Joliot Curie vers la place des Droits de l'Homme.
Sous les platanes bien verts nous aurions disserté sur la ville à la campagne, ce goût des espaces verts. Une camionnette de la ville serait justement en train de faire le ménage des jardins.
Nous aurions cherché dans un silence respectueux le nom du sculpteur du monument dédié aux martyrs de la résistance et de la déportation. En vain...
Au rond-point à notre gauche nous aurions laissé la préfecture superbe dessinée par Monsieur Wogenscky et à notre droite nous aurions enfin trouvé notre immeuble.
Par la fenêtre ouverte d'une BMW cabossée, nous aurions entendu le remuant mais énergique morceau Liqor de Outback.
Bien lourd, les épaules incontrôlées et la tête balançant irrésistiblement...
Nous aurions alors tenté de retrouver cet endroit :


Le Parc de la Défense resterait bien difficile à trouver. Et malgré l'aide de notre carte postale Lyna, de notre ami photographe Rolf Walter, nous ne parviendrions pas à saisir le lieu.
Quel fossé profond enjambe donc cette petite passerelle ?
Avec cette fois encore une carte postale Lyna, et notre autre ami photographe J. E. Pinet, Nous finirions aussi par voir le MH7 depuis ce coin de verdure.


Les deux collègues photographes riraient ensemble du choix de leur cadre et des anecdotes fuseraient sur l'époque des éditions Lyna.
On évoquerait la question de la polychromie en architecture, certains farouchement contre d'autres totalement réjouis, tous tristes de l'état actuel et de l'abandon de ce jeu sur la façade.
On se souviendrait avoir vu déjà une des interventions colorée de Max Soumagnac à Grasse.
Mais ici à Nanterre Nous pourrions également penser à Aubervilliers.


Ici, devant la piscine d'Aubervilliers, nous nous dirions que les formes architecturales, celles du brutalisme français, ont su voyager de l'ouest parisien vers le nord en une ceinture rouge. Nous trouverions que décidément l'école d'architecture devant les barres ressemble à la piscine devant... les barres.
Nous nous régalerions du travail encore et encore de Monsieur Kalisz et de l'A.U.A et nous pourrions une nouvelle fois également nous dire que les attributions sont difficiles parfois.
Là encore le travail de couleur de M. Soumagnac.
Et puis surtout, on apprendrait que Jean-Marie a envoyé cette carte postale Raymon en 1987 pour tenter sa chance amoureuse à Tournez Manège !
Nous serions fascinés par la ligne de jardinières comme un rempart à l'architecture et comme une tentative minable d'agrémenter la ville.
Comme si, oui, la belle et dure architecture, celle des formes et des couleurs justes, n'était pas assez la ville ou peut-être trop la ville.



Guide d'architecture contemporaine en France
Messieurs Amouroux, Crettol et Monnet
technic-union éditeur, 1972