mardi 30 novembre 2010

Messieurs Beaudoin et Lods en plein air


Il s'agit sans aucun doute d'une des pièces maîtresses de ma collection.
d'abord par l'objet architectural en question : l'école de plein air de Suresnes par Marcel Lods et Eugène Beaudoin architectes.
Puis par l'objet éditorial : un carnet de cartes postales parfaitement éditées.

Pour le premier :
L'école de plein air permanente est le lieu où l'expérience hygiéniste et progressiste est la plus aboutie.
Partout l'attention est portée à la lumière et à l'espace, et l'architecture semble au propre comme au figuré se plier à ces exigences finalement bien... naturelles.
L'idée c'est l'épanouissement de l'élève par un rapprochement physique avec les éléments et en même temps son instruction dans une sorte de havre de paix en dehors de la vie urbaine.
Toutes les cartes postales de ce carnet nous montrent parfaitement ce glissement toujours possible entre un espace intérieur et un espace extérieur. On ne sait plus si c'est la nature (un parc...) qui pénètre l'école ou au contraire l'école qui cherche à s'étendre.
Cette indifférenciation nous l'avions déjà un peu perçue dans la carte postale de l'appartement de la Cité Radieuse ici.
Pour faciliter ce glissement les architectes Beaudoin et Lods ont multiplié les cheminements et brisé les murs en des paravents géants. En quelque sorte, l'architecture devient mobilier de jardin que l'on déplace à son gré et à celui des enseignants.
Ce que les photographies ne disent pas c'est le vent léger qui soulève les pages des cahiers, les guêpes qui franchissent les abords et menacent gentiment les enfants et les sons extérieurs venant visiter à leur tour les classes.
Mais aussi la visibilité toujours des uns et des autres, le spectacle de chacun jouant ainsi son rôle parfaitement sous les yeux de tous... La transparence...
Reste une expérience certainement à ce point unique, belle dans sa facture, idéale dans son rêve.
Qui nous racontera sa vie d'enfant dans ces lieux ?
Quel instituteur ou institutrice nous dira comment mettre au coin un élève récalcitrant dans un parc arboré ?
Je plaisante.
Mais si on regarde les images, on ne peut que regretter je crois de ne pas avoir eu ainsi de pataugeoire, de belle planète géante pour apprendre le monde, de bain de soleil pour prendre des couleurs en attendant les vacances.
Si les images disent vrai parfois, alors ici on entend les rires des enfants, on sent les cerisiers en fleur en faisant sa dictée, on voit son petit frère au loin prendre son bain de soleil.
Tiens, si nous reconstruisions une école de la sorte...
Pour ce qui est de l'édition, le carnet est en véritable photographie et René Gallois éditeur a fait œuvre ici bien plus qu'une simple édition populaire d'un véritable reportage sur la vie de l'école.
Quasiment toutes les cartes sont animées et on ne sent pas les poses. Il semble que le programme des architectes fut bien à l'œuvre. On n'oubliera pas de regarder le très beau mobilier scolaire qui serait également l'œuvre des architectes. Tout à l'unisson...
Parfois quelques regards sont tournés vers le photographe mais ils sont surpris.
C'est simplement magnifique de vie, d'espoir et d'utopie réalisée.























dimanche 28 novembre 2010

Novarina entre campagne et montagne



Cette carte postale nous montre une église réalisée par l'architecte Novarina, architecte à Thonon, là c'est l'éditeur Lumicap qui précise.
Pourquoi d'ailleurs ?
Un besoin d'asseoir le travail moderne de l'architecte dans une tradition régionaliste ?
On sait par ailleurs que ce grand architecte savait bien faire cela, jouer avec les influences, les matériaux et les images des bâtiments leur donnant à la fois, oui, une forme traditionnelle et oui une rigueur moderniste.
Ici encore c'est démontré avec cette église Notre-Dame-des-Alpes de Le Fayet. Mais ce qui est drôle c'est que le correspondant expédiant sa carte vers Evreux, parle également de l'église de Saint Michel de cette ville de l'Eure.
Il rapproche les deux lieux et l'architecte.
Alors comme en ce moment je suis en plein travail pour l'exposition à la Maison des Arts d'Evreux l'envie d'aller voir fut bien grande...
Et Emmanuel m'emmena voir cette église Saint-Michel.
Voici quelques images qui vous prouveront encore les qualités de Monsieur Novarina. Rien d'ostentatoire, tout dans les détails et la justesse des matériaux. Ici à Evreux un socle de béton brut fait la clôture de l'église, clôture largement ouverte sur l'extérieur et qui supporte un toit somptueux à la charpente qui fait à elle seule le spectacle du lieu pourtant modeste.
Un de ces petits chefs-d'œuvre dont la France est couverte et qui souvent dépérissent dans l'oubli.
Ce n'est pas le cas à Evreux, l'église est en bon état, vivante car ouverte à tous.
On peut pousser la porte et vivre son architecture dans la belle simplicité de l'accueil que devrait toujours garder ce genre de lieu.



lundi 22 novembre 2010

ALTRA au SICOB



Il venait juste de retrouver ce travail après avoir été renvoyé de la fabrique de tuyaux en plastique rouge.
Il était content et la pipe dans la poche, il avait réussi à mettre le feu à son imperméable tant le vent était fort sur l'esplanade.
C'était son premier rendez-vous et il n'avait vraiment pas su où ranger son Solex sur le parking. En suivant une troupe joyeuse d'enfants perdus là sur les restes du chantier, il avait finalement trouvé une place sous un échafaudage, sorte de nid boueux pour son destrier mécanique.
Il avait lancé des cailloux avec les mômes sur les parpaings bien rangés et avait gagné le concours du morceau de ficelle le mieux noué mais il devait quitter la petite troupe pour rejoindre le monde des autres.
Le vent battait le tissu, entraînait sa démarche un peu dégingandée mais qui conservait toujours ce rien de sérieux rigide qui faisait finalement en contraste du déséquilibre permanent sa drôlerie.
Il n'avait pas peur, il était confiant car il était poli.
Il ne voyait pas que le monde faisait parfois d'étranges circonvolutions autour de lui, comment chaque chose prenait une autre dimension une fois qu'il était passé.
Non.
Il regardait le C.N.I.T admiratif et s'interrogeait sur les jeux de lettres qu'il pourrait bien faire avec l'acronyme SICOB. Il proposerait cela à son neveu Gérard ce dimanche prochain. On rirait bien avec... SOB IC !
Mais il devait pour le moment trouver les bureaux de ALTRA, fabriquant de camping-cars sur base de Renault 4. Il ne se demandait pas pourquoi une telle société était ainsi présente dans un salon sur l'organisation du bureau.
Car jamais il n'était inquiet.
Monsieur Hulot, seul sur l'esplanade rêvait déjà un peu à Saint Marc sur Mer.




carte postale Yvon expédiée en 1975, les architectes Zehrfuss et Camelot sont nommés.

dimanche 21 novembre 2010

Group Ludic : un document rare.



Julien Donada est important pour moi et pour ce blog.
Nous avons déjà maintes fois évoqué son travail de vidéaste, de passionné d'images et ses publications de vidéos et de livres sur Monsieur Haüsermann par exemple.
Voici que Julien Donada nous offre un beau et rare cadeau avec un petit tract passionnant sur le Group Ludic que vous connaissez également.
Ce petit document est vraiment important pour nous d'abord parce qu'il nous informe vraiment bien sur ce Group Ludic, ses membres et ses lieux d'interventions.
Mais en plus il est d'une belle beauté graphique.
Je vous le propose en version large et en version détaillée.
On remarquera que ce Group Ludic devient Aires et Volumes.










Mais comme nous sommes un blog consacré à l'architecture et les cartes postales, je vous propose une carte de Saint Quentin en Yvelynes. On y voit dans l'une des vues multiples les beaux volumes de Simon Koszel, David Roditi et Xavier de la Salle.




Comme cette intervention n'est pas listée sur le tract daté de 1971, on peut facilement déclarer que les jeux de Saint Quentin sont postérieurs.
Et pour finir, Julien Donada joint également à son courrier une carte postale superbe de Grenoble Villeneuve. On y voit les très beaux bâtiments du quartier à la polychromie aventureuse.

On remarquera la très belle qualité éditoriale de cette carte postale André pas datée malheureusement.


Il nous reste à remercier Julien pour ces beaux cadeaux et pour l'occasion qui nous est donnée d'évoquer encore le Group Ludic et sa belle inventivité.

samedi 20 novembre 2010

discontinuité

Vous aurez, fidèles lecteurs et lectrices, noté sans doute un léger ralentissement dans l'écriture de ce blog.
Je tiens à vous rassurer : tout va bien.
Je suis en pleine préparation d'une exposition et vous aurez certainement un blog un peu moins fourni ces jours-ci.
Veuillez excuser cette rupture momentanée et discontinue de l'image...

lundi 15 novembre 2010

André Gomis repéré et aimé

Il faut croire que depuis que je fais ce travail d'inventaire mon œil se cultive.
A force de chercher, de lire, bref d'avoir le plaisir d'apprendre je finis par reconnaître un peu mieux certains travaux, à sentir certaines formes.
Ce fut le cas avec cette carte postale :


Nous sommes à M'Diq au Maroc devant le V.V.T grâce à une édition Libreria Escolar.
On voit au milieu et à droite un ensemble de constructions blanches sous voûtes qui m'ont fait immédiatement penser en même temps à Monsieur Candilis mais aussi à André Gomis et son travail de Balaruc-les-Bains que nous avions vu ici.
Il est clair en tout cas, à la vue même de la plasticité de l'ensemble que nous avons affaire à une œuvre pensée, construite, aboutie.
En faisant des recherches dans mes archives, je trouve finalement dans un article consacré à la disparition trop rapide de l'architecte André Gomis sur une photographie de cet ensemble.


Pas de doute donc, ce V.V.T est bien une œuvre de cet architecte.
Mais les autres petites constructions sur la colline ?
L'article d'Architecture d'Aujourd'hui de 1971 est très élogieux et complet. Et il est vrai que depuis que je croise les constructions de cet architecte cette impression est validée.
Mais cet article permet également d'attribuer à André Gomis une autre construction représentée en carte postale :


On retourne une fois encore à Balaruc-les-Bains devant le V.V.F.
Au loin, une construction plate et allongée est surmontée d'un pyramidion transparent qui maintenant ne peut que nous évoquer une autre pyramide célèbre.
Difficile de dire quoi que ce soit.
Juste le sentiment d'un certaine discrétion paysagère contredite par un signal fort.
On remarquera que le photographe place la sculpture bien dans la ligne de la petite pyramide comme pour les faire jouer ensemble. Mais de qui est cette sculpture ? Philolaos ?
Je n'ose pas aller voir ce que l'œuvre élégante et sérieuse de Monsieur Gomis est devenue.
J'ai trop peur que toutes les subtilités d'un jeu humaniste ne soient maintenant noyées dans un plan de profits immobiliers.
Je vous donne l'article d'Architecture d'Aujourd'hui, et on peut se demander ce qu'est devenu l'héritage de cet architecte.