mardi 20 avril 2010

l'île de béton, lieux de tournage

Depuis quelques jours, je suis chargé de trouver les lieux de tournage pour l'adaptation cinématographique par David Cronenberg de l'île de béton de J.G. Ballard.
Ce travail je l'effectue, disons dans une fiction bien tempérée, un rêve tranquille, certainement pas un espoir...
Le livre c'est Catherine Schwartz qui me l'a offert. Alors que je le cherchais depuis un moment, j'appris qu'elle était justement en train de le lire. Nous avons, tous les deux, très souvent ce genre de liens secrets.
Donc l'histoire :
un homme, suite à un stupide accident de Jaguar (oui), un homme qui est architecte (oui) se retrouve comme prisonnier, naufragé sur un terre-plein d'autoroute, triangle de verdure entouré de voies express aux automobiles rageuses et rapides qui ne lui permettent ni d'être vu ni de sortir.
Cela fait bien sûr un bon démarrage, une belle idée, être perdu ainsi au milieu de la civilisation.
Mais... Même si je sais l'importance de Ballard pour David Cronenberg qui est l'un de mes cinéastes préférés, je dois avouer que je reste un peu sur ma faim.
Defoe fait bien mieux et le Vendredi de Maitland (l'architecte) ne fait pas le poids.
Mais il flotte tout de même une impression, un possible qui fait froid dans le dos et une question posée celle de territoires dont on ne sait rien, interdits de fait aux piétons.
Le livre de Philippe Vasset, un livre blanc y répond également avec une autre orientation peut-être plus intéressante et surtout qui a le mérite d'être une vraie expérience.
En fait, Ballard nous donne envie de croire que le réel de ce genre de situation est bien plus fort que les limites de son imaginaire.
Reste que j'ai un travail à faire et mon patron le cinéaste attend des lieux alors voici quelques pistes glanées dans ma collection de cartes postales, en attendant à mon tour de sentir cette ambiance.
Je me rappelle d'ailleurs un moment que nombre d'entre nous ont sûrement connu, celui de la panne sur l'autoroute. Une marche très longue, sous la pluie pour trouver le téléphone orange, marche forcée dans des herbes hautes, des rafales d'eau sale aéroportées par les roues des poids lourds....
On commence :


Ohio Turnpike, pub ; by Howard johnson "Host of the Highways.
ici c'est bien trop ouvert pour un naufrage mais pour un plan juste avant l'accident...


Holiday Inn of Toledo
Pub. by Tom Root Air studio
Un Holiday Inn est bien trop confortable pour se perdre et le pays un peu trop plat mais pour faire dormir l'équipe technique, pourquoi pas...


The Monument to the Pre-Hispanic Mexicans.
Une édition Ammex Asociados expédiée en 1978.
Il y a là quelques possibilités. Mais c'est un peu trop jardiné non ?


Anvers : échangeur routier de l'autoroute E3, tunnel Kennedy-Escaut, expédiée en 1972.
Une édition Demol.
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer le dos tout tapé à la machine !


la carte suivante :


Los Angeles Freeway System.
Photographie couleur de Emil Cuhel pour Mitock and Sons.
Oui, possible.
Ici par exemple dans ce petit triangle.


En plus Los Angeles n'est vraiment pas loin. Intéressant pour le tournage...
Toujours à Los Angeles :


The double loop joins the Santa Monica and Harbor freeways.
Même si c'est encore un peu trop proche des habitations je vois une possibilité ici :


Retour en Europe :


Mannheim aux éditions Andres and Co.
On se rapproche de l'idéal notamment la petite zone de gauche en bas de la voie ferrée même s'il n'est pas question du train dans le livre...
Pour finir, la France :


Grenoble, l'échangeur des Sablons aux éditions André expédiée en 1976.
La grande goutte d'eau offre je crois un bon compromis.


Végétation sauvage, remblais de sable et creux très profond...
En fait, le cinéma ne craint pas les collages et David Cronenberg pourrait bien mélanger tous ces lieux pour nous faire la plus belle île de béton du monde.
Et n'oublions pas les studios qui savent tout reconstituer et inventer !
Et puis Ballard, par l'intermédiaire de son héros nous évoque rapidement la Grande Motte :
"....Ce n'est pas par hasard si la première fois qu'il avait emmené Helen dans le midi de la France, ils avaient filés droit à la Grande Motte, à quelques kilomètres de cette maison. Helen avait détesté cette architecture impitoyable, aux surfaces de béton stylisé ; elle rongeait son frein, agacée en outre par la gaieté de Maitland. Lui, à ce moment, regrettait de ne pas avoir emmené plutôt sa femme. Catherine aurait aimé les ziggurats où se nichent les hôtels et les appartements, et aussi les immenses aires de stationnement vides, installés par les architectes des années avant l'arrivée des premiers touristes - monstrueux forums d'une ville abandonnée d'avance...."
Quand Ballard rencontre Balladur !

L'île de béton
Concret Island
J.G. Ballard
éditions 10/18
1991

Un livre blanc
Philippe Vasset
Fayard éditeur
2007



5 commentaires:

Adam a dit…

Un sujet très intéressant. Moi je pense plutôt à Spaghetti Junction à Birmingham en Anglettere (et peut être est-il aussi cet endroit que Ballard avait en tête..?).

Néanmoins, dans tes suggestions et la mienne aussi, manque t-il pas du béton? Finalement, ils sont assez vert!

Liaudet David a dit…

absolument !
manque criant de béton !
j'ai pensé la même chose...merci pour le tuyau du Spaghetti Junction !

Unknown a dit…

Bonjour,

Vous parlez d'une adaptation de "l'île de béton" par Cronenberg ?!
Votre post date de 2010, avez-vous eu des nouvelles de ce projet ?
Je suis en train de lire la nouvelle de Balard et j'aurais adoré voir ce qu'aurait pu en faire David Cronenberg.

Unknown a dit…

Bonjour,

Vous parlez d'une adaptation de "l'ile de béton" par David Cronenberg ?!
Je suis en train de lire la nouvelle de Balard et je suis un fan de ce que fait Cronenberg.
Avez-vous eu des nouvelles de ce projet depuis votre post de 2010 ?

Liaudet David a dit…

Bonjour Vincent,
Merci d'avoir eu la gentillesse de croire en mon rôle de
chercheur pour Cronenberg...mais je ne suis qu'un rêveur !
"Ce travail je l'effectue, disons dans une fiction bien tempérée, un rêve tranquille, certainement pas un espoir..."
Bien à vous et merci de votre intérêt à mon travail, parfois, oui, de fiction !