vendredi 8 janvier 2010

vas-y

Parfois, vraiment, les images ne disent pas grand chose.
Voyez cette carte postale de la Fondation Vasarely à Aix-en-Provence :



Comment penser que ce bâtiment est l'œuvre d'un des grands artistes de l'Op-art ?
Rien ici n'y fait songer et ce n'est pas cette alternance de disques noirs et blancs qui pourrait rattraper le coup.
Mais c'est une image.
Je n'ai pas vu la Fondation et sûrement que l'œil activé par la marche (c'est sa fonction) doit y trouver tous les jeux du plasticien. Mais à quoi pourrait, devrait ressembler une image d'un bâtiment conçu par les règles de l'Op-art ?
Disons que si mon œil se leurre ici sur cette carte postale certainement que l'effet d 'angle des hexagones est une erreur et que, finalement le bâtiment n'est peut-être qu'une droite tendue.
Rappelez vous ça.
Rappelez-vous que là l'image produit l'illusion des ombres.
Ne vous méprenez pas, j'aime Vasarely malgré les tentatives désespérées de mon apprentissage aux beaux-arts ou il fallait taire ce nom ou le dire avec un rictus moqueur. Rien n'y a fait, on ne renonce pas aussi facilement à ses premières entrées.
Mais j'ai le sentiment que ce bâtiment manque de farce pour l'œil, de "je t'ai eu", comme si la rigueur imaginée de ce que doit être l'architecture avait fait peur à la belle jubilation des yeux trompés de l'artiste.
Mais oui, l'architecture n'est pas tant pour l'œil que pour les pieds, je veux dire la stature. Et cette boîte qui semble décorée est une boîte certes d'hexagones entremêlés mais une boîte aux grands murs sujets à de grandes peintures.
Je suis à la fois dans le regret d'une spatialisation absente des effets optiques et dans la certitude que ce piège a été évité pour peut-être tomber dans un autre, celui d'un plan, jouet optique lui, qui ne parviendrait finalement pas à offrir sa lecture et son jeu.
Mais je dis tout cela depuis 10 cm par 15 cm imprimés en offset.
J'ai donc tort, forcément tort.
Et c'est là la limite de ce regard. Et cette limite est aussi celle du regard du photographe de cette carte postale. Je vois seulement sa manière de voir.
Trois partie : un ciel bleu dur et vide, un dépliant de cercles noirs et blancs sur fond gris et noir, une pelouse et un bassin avec une courbe blanchie d'un massif fleuri.
Pas d'extravagance, cela pourrait aussi bien être une usine, un supermarché un peu chic, un hangar, une discothèque.
Le point de vue se veut objectif, je veux dire qu'il se veut une carte postale. Pas ici question de jouer avec le bâtiment, de faire chanter les illusions des plans et des perspectives, non, rien de tout cela, rien de vasarélien que le bâti lui-même. Finalement le photographe ne s'est pas pris pour l'artiste car, sans doute a-t-il considéré que le bâtiment dans son état était assez vasarélien puisque de...Vasarely.
Et c'est une position qui est honnête, c'est aussi une commande...
Connaissez-vous d'autres exemples modernes et contemporains de bâtiments conçus par les artistes pour être l'exacte coquille de leur oeuvres ?
Pierre Soulages vient de laisser le cabinet RCR décider de la forme de sa donation. Et vu les images, bien lui en a pris.

Voici ce que nous donne notre guide vénéré :






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