dimanche 26 décembre 2010

plastique et bulles

Pour vous faire patienter en attendant le vernissage le 7 janvier, voici deux images mystérieuses pour le moment de ce que vous aurez la chance de venir voir à la Maison des Arts d'Evreux.
Le comité de vigilance brutaliste est au travail...et le lithographe a déjà tout bien classé.
A bientôt donc...


samedi 25 décembre 2010

Royan en construction

Votre cadeau de Noël : une carte postale exceptionnelle pour cette fin d'année.
Une carte postale pour les amoureux de Royan et du béton.
Voici :


Finalement ce point de vue aérien pourrait bien être un peu banal sur notre ville. On y voit le Boulevard Aristide Briand, son enfilade donnant sur la mer courbée par la grande conche. Mais ce qui fait de cette carte postale un document certainement unique c'est ce qui se passe en bas de l'image.
Regardez bien :
Lorsque j'ai vu ce détail j'ai sauté de joie. (oui, je sais...)
On voit le marché de Royan en construction !
On voit parfaitement le chantier et dans quel sens la conque s'est fermée. Comme ce moment devait être beau à voir ! Comme les architectes et les ouvriers coffreurs devaient être fiers de l'avancement de ce coquillage de béton.
Je ne suis pas assez au fait des techniques mais on pourrait penser en regardant bien que le "toit" attend une seconde couche (?).
On devine par contre très bien le coffrage dessous les courbes et des chevalets sur l'un des modules. Je crois qu'ils servent à tendre les câbles et les positionner.

En tout cas voilà bien le genre de document passionnant que réservent les éditeurs de cartes postales. On peut d'ailleurs aussi s'interroger sur le cadrage permettant à la fois de montrer le plus possible le marché comme achevé en fermant le cadrage par le bas.
On devine les grues du chantier du casino au fond. Le portique est déjà terminé et les correspondants ont fait une croix sur leur hôtel.
Nous sommes le 2 août 1956.
Ma ville (la plus belle du monde) est en train de naître.



lundi 20 décembre 2010

une école d'architecture, une leçon d'architecture


URGENCE ! Sauvons cette école ! Signez la pétition !
MERCI !
http://www.mesopinions.com/Pour-la-sauvegarde-de-l-ecole-d-architecture-de-Nanterre--La-Defense---Paris--petition-petitions-270c2eef9432a599e87aeaa9cf8e40cb.html


j'ai déjà ici évoqué la très belle école d'architecture de Nanterre dont les qualités structurelles et conceptuelles ne sont pas à démontrer.
Cet ensemble est menacé... (eh oui... encore...)
A croire que notre pays a décidé d'éradiquer le patrimoine moderne pour faire place à...
on ne sait pas, un truc entre Disney, un Buffalo Grill, une transparence, le vide.
Alors si vous avez envie de vivre encore cet espace superbe, de voir comment la pensée crée des formes, comment une architecture invente un lieu et des circulations vous pouvez vous rendre sur place pour une journée de soutien le 29 janvier.
Vous aurez ici toutes les informations nécessaires.
Je vous prédis une belle journée.

L’école d’architecture de Nanterre, emblématique de l'architecture proliférante des années 1970 est gravement menacée de disparaître. Commandée par le Ministère de l'Education Nationale, et conçue par l'architecte Jacques Kalisz (Roger Salem, Miroslav Kostanjevac, Max Soumagnac), l’école a été construite en 1971-72 par l’entreprise GEEP INDUSTRIE. Créée comme une combinatoire d’éléments inspirée du vivant, cette architecture modulaire favorise les relations entre les étudiants permettant ainsi une fluidité de l’information et un réel décloisonnement. La volonté architecturale a été de réaliser un espace nouveau pour un nouvel enseignement de l’architecture. Fermée en 2004, lors du déménagement de l’école, elle est depuis ouverte à tous les vents, vitres brisées ; la végétation qui l’entoure croît et camoufle aux citoyens un patrimoine architectural laissé à l’abandon. Les bâtiments sont actuellement mis en vente par l’Etat (Ministère des Finances). La ville de Nanterre a amorcé une réflexion pour un projet de réhabilitation et de réutilisation de l'édifice et a présenté une offre de rachat sans suite à ce jour.

Les deux associations « Les amis de l’école d’architecture de Nanterre » et Docomomo France (1) vous invitent à proximité du bâtiment :

le samedi 29 janvier 2011 à 14h30 Salle Le Corbusier à Nanterre Esplanade Charles de Gaulle, 2 minutes de la gare RER Nanterre-Préfecture

Après une visite du terrain en présence de Roger Salem (sous réserve) permettant de découvrir toute l’audace de la construction, et l’état d’abandon dans laquelle elle se trouve, nous ferons appel à toutes les forces créatrices présentes pour élaborer des pistes de nouvelles utilisations potentielles du bâtiment et obtenir la protection au titre des Monuments Historiques.

Nous concrétiserons à cette occasion toutes les voies et moyens d’alerter les décideurs, les architectes, les artistes, les associations culturelles, les citoyens de la ville de Nanterre et du monde ... Cette journée se conclura par le lancement d’une pétition internationale.

Au plaisir de vous y retrouver nombreux, n’hésitez pas à nous envoyer un message.

(1) DOCOMOMO : association pour la DOcumentation et la COnservation des sites architecturaux issus du MOuvement MOderne (XXème siècle), DOCOMOMO France est membre de l’ONG DOCOMOMO International.

Serge Kalisz Vice-président France Les amis de l’école d’architecture de Nanterre

Agnès Cailliau Présidente de DOCOMOMO


dimanche 19 décembre 2010

Rennes et Gulliver, des horizons


Alors que je me perds, noyé dans mon fonds de cartes postales, hésitant dans mes choix et mes désirs pour l'exposition d'Evreux, je trouve que je peux à nouveau vous parler des tours des Horizons de Rennes.
D'abord une formidable carte postale Jos nous montrant les nouveaux quartiers de Rennes pris dans une brume et un contre-jour superbes.
La carte postale expédiée en 1974 ne nous donne pas le nom du photographe qui pourtant mériterait bien de signer ce cliché d'une grande qualité mystérieuse.
Il se place dans l'ombre de l'immeuble au pignon polychrome et cache ainsi le soleil.
La lumière passe en se pulvérisant en une nuée de particules jaunes et dorées.
C'est magnifique.
Qui oserait encore aujourd'hui éditer une telle carte postale oscillant entre documentaire, ambiance forte et photographie plasticienne ?
On retrouve plus lisible nos Horizons de Rennes ici :


Là encore on pourrait croire à un cliché bien banal d'un éditeur, ici les Belles éditions de Bretagne.
Mais...
Monsieur Y. R. Caoudal, le photographe, choisit bien son point de vue. Il enserre les deux tours en courbes entre deux volumes parallélépipédiques dont d'ailleurs une bien jolie barre à droite.
Il est sur un toit, évitant ainsi les fuyantes du piéton et il a trouvé là une vue de front offrant bien toutes les qualités de la construction.
Et hasard heureux ou rendez-vous fabriqué, deux ramoneurs de cheminées sont au travail à gauche et s'amusent d'être sur l'image.


Je m'amuse d'ailleurs à rapprocher le petit volume de la cheminée d'une construction plus imposante : un parking automobile !
Comme si les deux ramoneurs se transformaient en Gulliver et nettoyaient le parking !
(désolé pour le collage un peu... brut !)

Une nouvelle fois j'aime établir des liaisons certes formelles mais qui disent bien la solidité de ces formes et la capacité de l'imaginaire à faire des collages bien particuliers.
C'est aussi mon mode de voyage.
Rappelons enfin que l'architecte de cette belle construction est Monsieur Maillols.

dimanche 12 décembre 2010

Toiles tendues, mettre les voiles.

J'aime certainement cette carte postale de manière immodérée :


Sur une plage de Palasca-Belgodère, dans un V.V.F, le génie d'un lieu inventé de rien ou presque.
Un grand carré de toile bleue (voir le ciel) est tendu vers le haut ou vers le bas par les pointes.
La tension crée les courbes enjoignant ainsi la géométrie à des efforts faisant rencontrer le cercle et le carré.
On entend le vent faire vibrer et chanter le câble d'acier sous la tension extrême et ce chant est celui premier de la résonance des cordes des instruments les plus beaux, donc les plus simples.
Et comme pour finir, mettre dessus des corps qui sautent courent dansent tombent et remontent les pentes infinies croyant parfois à juste titre arpenter le bleu du ciel.
Le point rouge d'un ballon géant rappelle sans cesse dans ses trajectoires les courbes et dessine à l'envi le parcours des tensions, des forces et de la gravité.
Joie.


Et dessous à l'ombre, voyant par transparence les réductions graphiques des corps projetés sur cet écran, un garçonnet se cache.
Il observe les points d'appui dans la toile, les pieds sous leur poids ajoutant encore à la tension.
Dessus, dessous, ombre, lumière, tension, souplesse, dedans, dehors, fort et léger, la structure de jeu est certainement l'une des architectures les plus belles que je connaisse.
Elle dit tout ce que nous attendons de l'architecture : une réponse et une stimulation à nos corps par les yeux (la couleur, la forme), par les pieds (la tension, la pente), par les oreilles (l'équilibre, le son).
Je cherche qui inventa cela.
Qui a pu comprendre ainsi que, offrir cela à nos corps, à leur jubilation vitale est un cadeau trop rare malheureusement ?
Je cherche dans mes ouvrages mais point ne trouve.
Au fond de l'image, trois pyramides de couleurs, trois tipis pourraient bien une nouvelle fois nous mettre sur la piste de Sculptures-Jeux ou du Group Ludic.
Mais comment en être certain ?


Jacques Simon dans ces merveilleux fascicules sur les aménagements des espaces libres ne nous donne pas la réponse mais nous propose une œuvre d'une certaine manière similaire du moins dans l'expérience corporelle :


Il s'agit de gros coussins gonflables dont étrangement la mollesse se rapproche pour moi de la tension du praticable de notre carte postale. La pression relative de l'air de l'un rejoint celle plus ferme des câbles tendeurs de l'autre. On le doit à Klaus Göhling.
La tension du textile fut ainsi souvent rapprochée des expériences de tensions précontraintes du béton. Je me souviens d'une photographie d'un filet de pêche séchant sur un bateau, rapproché par Monsieur Sarger ingénieur, du travail effectué sur le toit de l'église de Royan.
Mais voici un exemple plus direct :


Nous sommes à Cologne (Köln am Rhein) devant " der Tanzbrunnen im Rheinpark".
Je crois que la traduction pourrait être piste de danse ou kiosque à musique.
On retrouve là le vocabulaire de notre jeu de plein air.
Les câbles tendent une toile qui tout en se courbant se rigidifie. Suspendue ainsi, elle offre un abri léger, aérien.
Ici, c'est simple, l'architecte de cette merveille n'est rien moins que Frei Otto.
On regardera comme les parasols jaunes et rouges au premier plan semblent lourds.
Et si on ne peut arpenter la structure que par notre imagination on s'amuse alors aussi à glisser et sauter.
Pour vous prouver que le béton dit parfois la même chose :


Voici le pavillon du jardin de Stuttgart.
Vous voyez la tension, la fragilité apparente du voile de béton ?
Vous sentez l'envie qui vous vient de monter sur les courbes et de glisser sur ces petites collines ?
La carte postale est une photographie de L. Windstroser et fut expédiée en 1977.

dimanche 5 décembre 2010

Mobi Boom par le siège



Je suis heureux.
Quelques-unes de mes cartes postales ont été éditées dans le catalogue de l'exposition Mobi Boom qui se tient au Musée des Arts Décoratifs en ce moment.
Cela me réjouit que, d'une certaine manière, on reconnaisse dans ces images populaires un air du temps, la photographie valide d'une époque.
Et puis l'exposition est simplement superbe.
Je m'aperçois que mon goût (eh oui...) pour le mobilier pop me quitte un peu à la faveur de la rigueur bien plus stricte et utile des années cinquante.
La simplicité y faisait la beauté.
Mais que de beaux objets sont rassemblés là avec élégance et maitrise. L'idée par exemple d'inscrire les meubles non pas sur des estrades mais au contraire dans de légers contre-bas est belle et ingénieuse.
On découvre aussi des éditeurs et des meubles moins connus que les grandes icônes. Et il est toujours drôle de retrouver là soit des meubles et des ambiances que nous avons connus et mieux encore des objets présents encore dans nos maisons.
Cette force que les objets ont à nous renvoyer vers des lieux et des temps révolus me ramène à mes cartes postales...
Je vous propose une (très) petite sélection de cartes uniquement choisies pour le mobilier représenté.
Je ne connais pas toujours les designers alors si parmi vous....
Commençons par la France bien française avec la chaise Mullca 510 :


Ici photographiée dans la Colonie de Vacances de Beaulieu en Argonne.
La lumière est belle, les dalhias sont beau et Bruno est heureux car tous les jours il va à la piscine...
Toujours la Mullca 510 ici en version très très collective !


Nous sommes à Lourdes à la cité-secours Saint Pierre.
J'ai cette carte postale depuis longtemps et j'avoue beaucoup l'aimer !
L'enfilade des chaises Mullca fait toute l'image.
Les cartes postales représentant cette chaise sont nombreuses et pourraient à elles seules faire un thème de collection...
Autre chose :


Cette carte postale à vues multiples de Massy et de son centre commercial vaut déjà le détour pour un Martin Parr français mais en plus une petite pépite du design s'y est glissée, regardez bien là :

Voyez ce gros siège en plastique moulé blanc. Qui en connaît le designer ?
On le retrouve ici sur cette superbe carte postale du Neue Messe "Düsseldorf".


Regardez là :


Cette carte ne nous informe ni sur le siège ni sur la très belle et étonnante sculpture moderne au premier plan. Dommage...
Quelle image tout de même.
Poursuivons avec cette carte postale du Village Vacances Travail de Lacolle sur Loup.


et ici :


Ces derniers ne seraient-ils pas le F300 de Paulin ?
Et maintenant :


Nous sommes au C.C.A.S maison familiale de Super-Besse.
Tout semble à l'unisson mais l'unisson de qui ?
Belle architecture un rien dure et brutale, design solide et franc du mobilier.
Qui a dessiné ces fauteuils et ses chaises basses. Tout cela sent bon la menuiserie massive faite pour durer.
les chaises basses ici sont très belles :


Et le plafond, vous avez vu le plafond ?
Incroyable...
Pour faire vos achats :


Vous irez à Tourneheim sur la Hem à la maison bal et meubles. Nous l'avons déjà un peu visitée ici.
Vous trouverez certainement votre bonheur de sièges chez Ronel ou votre lit chez Epéda.
Rapprochons-nous d'aujourd'hui avec cette carte postale :


Nous sommes aux archives des Hauts de Seine dont les architectes sont messieurs Feypell et Zoltowski en 1979.
C'est la carte postale qui nous le dit.
C'est la salle de lecture bien équipée de beaux sièges confortables et surtout de belles lampes de bureau remarquables de simplicité.
Alors qui nous donnera là aussi le nom du designer ?

mardi 30 novembre 2010

Messieurs Beaudoin et Lods en plein air


Il s'agit sans aucun doute d'une des pièces maîtresses de ma collection.
d'abord par l'objet architectural en question : l'école de plein air de Suresnes par Marcel Lods et Eugène Beaudoin architectes.
Puis par l'objet éditorial : un carnet de cartes postales parfaitement éditées.

Pour le premier :
L'école de plein air permanente est le lieu où l'expérience hygiéniste et progressiste est la plus aboutie.
Partout l'attention est portée à la lumière et à l'espace, et l'architecture semble au propre comme au figuré se plier à ces exigences finalement bien... naturelles.
L'idée c'est l'épanouissement de l'élève par un rapprochement physique avec les éléments et en même temps son instruction dans une sorte de havre de paix en dehors de la vie urbaine.
Toutes les cartes postales de ce carnet nous montrent parfaitement ce glissement toujours possible entre un espace intérieur et un espace extérieur. On ne sait plus si c'est la nature (un parc...) qui pénètre l'école ou au contraire l'école qui cherche à s'étendre.
Cette indifférenciation nous l'avions déjà un peu perçue dans la carte postale de l'appartement de la Cité Radieuse ici.
Pour faciliter ce glissement les architectes Beaudoin et Lods ont multiplié les cheminements et brisé les murs en des paravents géants. En quelque sorte, l'architecture devient mobilier de jardin que l'on déplace à son gré et à celui des enseignants.
Ce que les photographies ne disent pas c'est le vent léger qui soulève les pages des cahiers, les guêpes qui franchissent les abords et menacent gentiment les enfants et les sons extérieurs venant visiter à leur tour les classes.
Mais aussi la visibilité toujours des uns et des autres, le spectacle de chacun jouant ainsi son rôle parfaitement sous les yeux de tous... La transparence...
Reste une expérience certainement à ce point unique, belle dans sa facture, idéale dans son rêve.
Qui nous racontera sa vie d'enfant dans ces lieux ?
Quel instituteur ou institutrice nous dira comment mettre au coin un élève récalcitrant dans un parc arboré ?
Je plaisante.
Mais si on regarde les images, on ne peut que regretter je crois de ne pas avoir eu ainsi de pataugeoire, de belle planète géante pour apprendre le monde, de bain de soleil pour prendre des couleurs en attendant les vacances.
Si les images disent vrai parfois, alors ici on entend les rires des enfants, on sent les cerisiers en fleur en faisant sa dictée, on voit son petit frère au loin prendre son bain de soleil.
Tiens, si nous reconstruisions une école de la sorte...
Pour ce qui est de l'édition, le carnet est en véritable photographie et René Gallois éditeur a fait œuvre ici bien plus qu'une simple édition populaire d'un véritable reportage sur la vie de l'école.
Quasiment toutes les cartes sont animées et on ne sent pas les poses. Il semble que le programme des architectes fut bien à l'œuvre. On n'oubliera pas de regarder le très beau mobilier scolaire qui serait également l'œuvre des architectes. Tout à l'unisson...
Parfois quelques regards sont tournés vers le photographe mais ils sont surpris.
C'est simplement magnifique de vie, d'espoir et d'utopie réalisée.