samedi 10 janvier 2009

un honneur et une responsabilité


Monsieur Parent m'a envoyé ce dessin.
En figure de proue, le drapeau de la "Fonction Oblique" à la main sur le toit du supermarché de Sens je mène le vaisseau de béton vers les rives d'une sauvegarde espérée.
Oui je la souhaite cette protection et avec mon énergie mélangée à votre soutien déjà si prolixe, chers lecteurs, je n'ai plus qu'à ne pas décevoir Monsieur Parent qui avec sa casquette de Capitaine me donne les bons conseils et son appui.
Comment ne pas répondre à ce désir et à cette nécessité !

 

Monsieur de Brauer et Marcel Breuer


Mystère...
Voici une carte postale bien étonnante. Il s'agit :
"Sur l'emplacement même du gisement de gaz naturel de Lacq situé à quelque 4000 mètres de profondeur cette station à l'architecture audacieuse distribue l'essence séparée du gaz (260.000 tonnes par an) dans l'usine voisine de la Société Nationale des Pétroles d'Aquitaine. Architecte Mr de BRAUER."
Très surprenant le rapprochement formel avec l'auvent de l'Unesco vu sur ce blog le 10 décembre 2008.
Très surprenant le rapprochement des noms des architectes Marcel Breuer et De Brauer...
Vraiment on peut imaginer qu'il s'agit du même architecte. Pourtant on a déjà vu sur ce site des rapprochements tels que Bloc et Bloch...
Alors...
Je reste dubitatif mais je reste béat devant ce magnifique morceau de voile de béton tendu. Quelle puissance ! On remarquera la courbe inversée du toit par rapport à l'auvent de l'Unesco et les piliers un tout petit peu plus haut.
C'est fin, élancé un très beau morceau je vous dis.
Mais tiens donc, notre guide vénéré nous indique qu'à Paris les bureaux du Serete sont de Monsieur de Brauer.
Donc il ne s'agit pas d'une erreur nominative mais bien de l'œuvre de cet architecte qui a dû bien regarder l'autre.
Grâce à Street View on peut constater que le bâtiment est toujours là et toujours aussi beau.


Claude Parent, Paris douzième


Je rentre du Mans et dans ma boîte aux lettres je trouve un livre en écriture oblique et une carte postale des années quatre-vingt.
L'ensemble est envoyé par Monsieur Parent.
Notre histoire se poursuit.




Le livre en japonais superbement édité est la traduction de "Vivre à l'oblique" de l'architecte. On se régale de l'incroyable rapprochement de la calligraphie japonaise et des dessins de l'architecte. Je vous propose ici quelques pages. Ce qui est drôle, toujours également c'est la lecture inversée. Il s'agit d'une édition Jo TODA.
La carte postale nous montre un collège dans le 12ème arrondissement de Paris. Je ne connais pas ce bâtiment. L'image nous montre une construction alliant un jeu plastique de formes simples mais subtilement agencées. Cubes, cercles, diagonales en un certain ordre assemblés donnent à voir une belle composition rigoureuse de ces éléments essentiels.
En même temps que j'écris ces mots je me pose la question de la validité d'un tel exercice. Comment parler d'une architecture seulement par le biais d'une image ?
Doit-on forcément parcourir pour lire ?


Maintenant internet avec des logiciels comme Google Earth et la fonction Street-view que je viens d'installer nous proposent des visites de la ville avec une incroyable sensation de présence. Mais on reste à l'extérieur et surtout on ne peut évoluer que sur les pas des photographes ayant effectué les prises de vues. Cela reste saisissant. J'ai donc pu voir d'abord une vue satellite du collège me donnant un peu plus d'informations sur le plan. On peut également découvrir une coupole sur le toit qui doit procurer une lumière à l'intérieur de la bâtisse. J'imagine une sorte de place interne, point nodal de distribution des salles de classes et donnant lecture des niveaux. Mais j'imagine seulement. J'ai pu faire le tour de la construction en suivant les rues et apercevoir au travers des arbres le collège un peu comme un piéton. Mais on reste loin, rien qui puisse valoir le cheminement réel. Tout de même, je me répète c'est assez incroyable.
Alors je peux, toujours les yeux ancrés sur ma carte postale, me réjouir des formes, couleurs, proportions, matières qui constituent le morceau cadré par le photographe (ici A. Gielly). C'est déjà ça. Je peux y voir facilement un traitement du béton très lisse dessinant parfaitement les arêtes des formes cubiques et laissant les joints vides ce qui accentue encore le dessin structurel. Je peux voir des formes imbriquées symétriquement les unes dans les autres offrant un cheminement vers une entrée à hublots. Le jeu de striage entre le rez-de-chaussée (diagonales) et l'étage (verticales) soulignent la brisure du corps principal et le premier étage percé lui aussi de hublots offre les reflets d'un bâtiment de briques.
Mais que puis-je au-delà ?
Tout.
Oui, finalement tout, car mon objectif dans ce blog n'est pas la formulation d'une critique architecturale mais une approche bien plus modeste qui serait celle de l'expérience de l'image. Rien n'oppose l'un à l'autre, je crois même que la première à besoin de la seconde mais mon aventure n'est pas là. Mes visions sont mes positions.
Je mets tout dans l'œil devant les images et je mets le corps entier dans les promenades. Ce qui est certain c'est que j'aime très souvent des images de bâtiments avant même de les avoir pratiqués. C'est comme ça que j'ai aimé Sainte Bernadette du Banlay.
Et on peut voir aujourd'hui encore plus qu'hier, des bâtiments que l'on pourrait penser construits pour les images qu'ils vont produire (Gehry à Bilbao) et j'avoue que j'aime ça !
Alors parfois il y a des rudesses et certaines constructions peuvent apparaître pauvres dans leurs images. C'est pour cette raison qu'il faut toujours en dernier ressort aller voir, marcher, sonner, sentir l'architecture.
La carte postale est une édition du Pavillon de l'Arsenal, imprimée par Image'in.
Cette carte nous informe du Maître d'ouvrage : la Ville de Paris, de l'architecte : Claude Parent, de l'entreprise : Fougerolle.