lundi 21 septembre 2009

pas de couleur

Il arrive parfois que mes yeux glissent aussi sur des architectures un peu plus anciennes que ce que je pourrais imaginer.
Comment résister quand c'est beau, bien photographié ou bien imprimé ?
Alors sans logique, l'une derrière l'autre, quelques cartes postales.
Voici le Polygon Hôtel :


Belle façade bien régulière qui rend hommage au nom de l'hôtel. Pas de nom d'architecte sur cette carte postale expédiée en 1949 et éditée par R.A London en Réal Photograph.
Ambiance chic, culs de voitures anglaises bien carrossées.
Agatha Christie au troisième étage peaufine son roman, le thé refroidit. Le photographe s'est mis dos au soleil et cela produit un éclat blanc dans la portière de l'auto. A la loupe personne aux fenêtres.
Pour travailler à l'hôtel, il faut aller à l'école hôtelière et pourquoi pas ici à Thonon ?



Voici la belle façade de l'école-hôtel de cette ville. On admirera la belle géométrie un rien cubiste de l'établissement. Des pointes triangulaires, des cercles en hublots, des droites tendues et des ouvertures larges comme un peu un paquebot, au moins une influence maritime.
Très beau le raccord entre la tour hexagonale qui fait l'angle et les balcons qui en repartent filant sur la façade laissant un creux sculptant le volume. La photographie un peu dure accentue le dessin et argumente le jeu des formes. Monsieur Moynat l'architecte a bien travaillé.
Cette carte postale aux édition du Globe en véritable photographie au bromure fut expédiée en 1956.



Une fuyante infinie sur l'horizon.
le collectif des chambres de ce sanatorium de Dreux, pavillon Villemin.
Pas de difficulté pour trouver les architectes, ils sont nommés en bas de cette carte postale dont le cliché est de G. Foucault.
Le bâtiment est immense et bas. L'image nous dit cela, sa longueur, contre le petit et frêle bois de bouleaux. Les balcons énormes et blancs font le décor et la façade. C'est sobre.
D'ailleurs les balcons ici sont médicaux, utiles aux soins, ils sont presque la raison de l'établissement. Du repos à l'air pur, face à la nature préservée. Sont-ils calculés pour qu'un siège transat puisse y être installé ?
Un regard attentif nous montre des patients regardant le photographe. L'édition est un peu pauvre, creuse, usée, pourtant la carte est datée de mars 1945. Le correspondant ne dit rien du sanatorium ni de la guerre.
Les architectes sont messieurs Beauniée et Sarrut. Ce dernier me dit quelque chose, il me faudra vérifier.



Rotterdam.
Cette ville semble bien riche.
Voici Statenweg. La 203 Peugeot en pleine vitesse sur des rues larges et bien agencées. L'espace semble, oui, bien grand entre les immeubles qui ne manquent pas de qualités. D'abord sautent au yeux les immenses stores devant les balcons qui à eux seuls dessinent les façades.
Balcons dessous aux gardes-corps de tubes d'acier.
Modernes.
L'îlot semble ne plus en finir et tout cela s'étend dans cette belle perspective ouverte baignée de soleil par la gauche.
Je cherche et trouve : Il pourrait s'agir là d'un ensemble de l'architecte Van den Broek.
Une photographie de l'état actuel est visible ici.
Dans les années 20 en Hollande à La Haye on dessine ça :



Le magasin De Bijenkorf par l'architecte Piet Kramer.
Liant modernité et expressivité, voire monstruosité, le bâtiment est très impressionnant par sa masse et la générosité de ses ouvertures. On regardera aussi le jeu plus sculptural du dernier étage moins brutal faisant jouer en retrait des cylindres qui finissent le jeu des colonnades de la façade.
Des enseignes de verres vides rythment comme les drapeaux cet immense mur de brique et de verre.
C'est superbe et la photographie rend admirablement la courbe et l'élancement de la construction. On remarquera que cette photographie ne comble pas totalement le format de la carte postale laissant des marges blanches. Pas de recadrage. Il semble que la carte postale soit une édition directe des magasins.



La poste de Bône, aujourd'hui Annaba en Algérie.
Une édition Sapho-France qui nous livre un beau bâtiment bien marqué. Colonnades, décrochement des étages, décors plaqués et sobres, angles arrondis, tout cela sent bon un certain classicisme mâtiné d'art déco bien typique. La Poste de Rouen est aussi ainsi. On ne sait s'il s'agit d'un des derniers avatars de l'art déco finissant ou du début d'un modernisme plus après guerre.
L'immeuble derrière est bien beau également et du même goût. Je ne trouve malheureusement rien sur cette architecture mais cela constitue une belle image. On remarquera deux graffitis sur la façade." Gaulle" et "RF". Des signes de la guerre d'Algérie ou de la libération ? Je pencherai pour la première solution.
Voici une bien belle carte postale :



Nous sommes à Stuttgart devant le très beau Café Mittnachtbau.
Rien, je ne sais rien à propos de cette merveille. Elle ne figure pas dans le pourtant très complet Moderne grüsse, Modern greetings chez Arnoldsche.
Et internet reste muet. Comment est-ce possible pour un bâtiment aussi impressionnant ?
J'aime beaucoup l'énorme CAFE sur la façade et le dessin extrêmement retenu de l'ensemble. La façade a l'air d'être recouverte d'un très beau travertin posé en alternance horizontalement et verticalement.
Les volumes se décalent les uns des autres offrant de beaux angles parfois marqués.
La carte postale est expédiée en 1932, elle est en véritable photographie.
Une vraie merveille moderniste.
Sur la façade on remarque un jeu de très petits points et il s'agit d'une inscription effacée par l'éditeur et retouchée.


C'est très fin et malheureusement bien fait. On ne peut deviner ce qu'il y avait d'inscrit de si nécessaire à effacer. La pendule indique 8h30 au-dessus d'une bien étrange automobile.



Un peu plus loin dans la rue, un petit immeuble blanc fait déborder ses bow-windows.
Superbe.
Ça, ça fait peur :



Je veux dire au sens premier.
Sorte de villa gothique, de maison hantée à la Walt Disney regroupant un mélange ahurissant de styles, ne sachant ni être régionaliste, ni gothique, ni anglo-saxon cet Hôtel de Ville du Touquet est une véritable pâtisserie pour amateur de décor hollywoodien.
On pourrait à ce titre y trouver du charme mais les pierres sont trop lourdes, les jeux du décor sont trop lourds, le plan est trop lourd.
Une maison de Barbie, une villa pour acteur Shakespearien ayant fait fortune. Quelque chose de décadent, de grotesque, quelque chose de classé monument historique que l'on doit à l'architecte (?) Monsieur Pierre Drobecq et cela en ... 1931 !
Je déteste.


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