mercredi 8 octobre 2008

la solution d'Alphonse Allais

Pour poursuivre sur la possibilité d'échapper au droit d'auteur en éditant des cartes postales, je propose la solution d'Alphonse Allais publiée il y a environ un siècle dans le magnifique et rare album primo-avrilesque. Cet album qui fut réédité récemment (je n'arrive pas à remettre la main dessus) nous proposait une série de monochromes dont seul le titre pouvait nous éclairer. Ainsi le fameux monochrome blanc intitulé : Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige.
Il semble que cette solution fut adoptée par nos chers éditeurs de cartes postales dans une version parfois ensoleillée, parfois brumeuse, parfois nocturne...

Ainsi pour ne rien devoir aux ayant-droit de Monsieur Balladur je vous propose "sous le soleil de la Grande Motte..!" éditée par La Palette qui nous signale : nous avons choisi la France et la Méditerranée pour passer nos vacances. (sic)
Il faut croire que les pyramides n'arrivent pas à projeter une ombre suffisante pour permettre de les photographier !

On peut aussi laisser tomber le brouillard gris comme sur cette étonnante carte La Cigogne qui nous propose la brume matinale sur la plaine d'Alsace ! Carte garantie sans colorants ! Au dos de la carte nous lisons, je n'invente rien je vous l'assure : Nous garantissons que pour la réalisation de cette carte postale d'Alsace les colorants nocifs ci-après n'ont pas été utilisés : E 103, E 11, E 121, E 123, E125, E126, E130, E152, E 181.

Il faut croire que l'Alsace soit une terre particulièrement difficile à éclairer, donc difficile d'y appréhender son architecture car voici encore une carte de cette charmante province nous montrant la plaine d'Alsace... la nuit ! Toujours éditée par Combier et envoyée par votre serviteur enfant à ses parents...

Puis nous voici en Normandie et à Rouen avec une image tout aussi troublante... cette carte est un peu particulière car elle fut éditée à l'occasion de l'exposition des artistes Bertran Berrenger en 2007 au Musée des Beaux-Arts de Rouen. Je sais que Jean-Paul Berrenger est collectionneur de ce genre de cartes, je sais que Jean-Paul est un artiste qui connaît très bien Alphonse Allais et successeurs (Marcel Duchamp). Il s'agit donc d'une carte à double détente.
Pour connaître un peu mieux l'artiste, voyez le site de la galerie Du Bellay ci-contre.

Une solution moins nocturne mais presque, c'est de photographier les villes de loin à la nuit tombante ainsi les architectures se fondent en une ligne de lumières diffuses qui je le crains ne permettent pas de lire l'architecture mais permettent d'être libre quant au droit d'auteur !
Par contre le blason de la ville, de la région reste un must pour ne pas confondre j'imagine la nuit d'Alsace du soir d'Anvers !
Ne pas oublier la carte postale toute blanche envoyée d'Afrique du Sud par mon ami Alan Aubry, elle est l'écran parfait d'une projection personnelle. Voir le message du 8 août 2008.

le flou du droit d'auteur



Alors que la générosité en architecture est en débat à Venise, il est heureux de se rappeler que les architectes contemporains ne le sont (généreux) souvent pas quant à leurs droits d'auteurs.
On connaît les problèmes qu'ont pu avoir certains bloggeurs et sites internet après la diffusion d'images de bâtiments sur le net, certains devant même retirer leurs images.
En 2002, l'artiste Raphaël Boccanfuso proposait une solution définitive à cette difficulté de diffusion due à une application par trop véhémente du droit d'auteur ce qui pourrait être une des explications de la disparition des architectures modernes et contemporaines en cartes postales.
En floutant les bâtiments assujettis à cette puissance, il propose une image qui étrangement au lieu de créer la disparition de la construction nous invite à une curiosité encore plus grande. Evidemment la silhouette de la Tour Eiffel reste aisément identifiable mais il existe des exemples plus difficiles comme le centre Pompidou. Cette position me semble réellement révélatrice de notre époque.
Ces cartes postales qui étaient aussi doublées je crois d'un affichage public dont je ne retrouve pas trace dans mes archives, furent éditées par San de Sénart et le Centre Photographique d'Ile-de-France, Pontault Combault. Il existait quatre modèles. Si ça traîne dans vos tiroirs ...
Je crois aussi qu'il existe une architecture floue d'avance, dé-matérialisée qui ne nécessite pas ce genre d'intervention. Une architecture invisible parce que camouflée, intégrée pour être polie.