vendredi 31 octobre 2008

du génie civil de Monsieur Fraleu


Hier et cela grâce à Alan et Benoît nous avons découvert que la Sous-Préfecture de Boulogne-Billancourt était dessinée par Monsieur Fraleu. Apprenant qu'il est surtout un architecte du génie civil cela explique peut-être le dessin surprenant de ce bâtiment. Je devrais bien connaître cet architecte car il se trouve qu'il a réalisé des ouvrages d'art dans ma région. Le Pont Mathilde de Rouen et le Pont de Brotonne qui enjambe la Seine entre Rouen et le Havre. Ce dernier est absolument magnifique. Je vous propose donc un petit tour en génie civil autour de Monsieur Fraleu.
Commençons par le local avec cette carte postale du pont de Brotonne. Il s'agit d'une carte publicitaire pour un hôtel, le Louv Hôtel au grand méchant loup (sic). La carte nous indique que le tablier est suspendu à 50m du niveau de la seine mais ne nous indique pas le nom de l'architecte. Ce pont date de 1977 et il semble que Monsieur Fraleu fut accompagné pour la réalisation de Monsieur Auguste Arsac.


Poursuivons avec le pont de Cheviré en Loire-Atlantique. La carte postale éditée par Miégeville-Deleville nous informe beaucoup : inauguré le 27 avril 1991 par le premier ministre Monsieur Michel Rocard. Architecte : Philippe Fraleu. longueur totale : 1562m, largeur : 24,60m et hauteur 50m.
Les photographies de cette carte ont dû être prises le jour de l'inauguration, le public est nombreux. J'aime assez le dessin des piliers et le collage étrange de cette poutre rouge qui doit être, elle, en métal (?).


Je finis avec les ponts par une carte postale étonnante; il ne s'agit pas d'une œuvre de Monsieur Fraleu mais de Monsieur Mascarelli. La carte postale est éditée par la Direction Départementale de l'Equipement de l'Aveyron, arrondissement interdépartemental des ouvrages d'art. Elle nous indique : autoroute A-75 image virtuelle du Viaduc de Verrières, vu depuis le point d'information chantier. Longueur totale : 720m, hauteur maxi des piles : 140m, début des travaux : Août 1998, délai d'exécution : 40 mois.
L'image de synthèse est produite par Groupe Composer, le nom de l'architecte est indiqué. La carte fut expédiée en 2002.
J'ai peu de ce type d'image prévisionnelle en image de synthèse. L'idée de projection dans le paysage est assez unique. Seule autre manière : la photographie de maquette !
J'ai dû rouler sur ce viaduc au mois de septembre...

jeudi 30 octobre 2008

Tournesol et sous-préfecture



Très rapidement.
Voici deux nouvelles cartes postales avec les soucoupes volantes de Monsieur Schoeller. Je ne chanterai plus mon admiration : vous aurez compris je crois.
Nous avons donc : une édition de l'Europe pour la piscine de Lambersart (59130). le nom de l'architecte n'est pas mentionné, la carte fut expédiée en 1978. C'est beau.
Nous avons aussi : une édition CIM de la piscine de Formerie (Oise), le nom de Monsieur Schoeller est cité. La carte fut expédiée en 1989. Ce plan est superbe et un garçon au maillot rouge vif sur la droite fixe le photographe.

Pour finir un échec.
Des heures à chercher le nom du ou des architectes de cette étonnante sous-préfecture de Boulogne sur Seine. Brutalisme un peu gauche, volonté de faire image, un rien de japonaiserie métaboliste et un superbe balcon en verre fumé pour que Monsieur le sous-Préfet arrangue la foule ?
On admire la pente qui arrive de très loin au fond pour conduire les autos, DS19, Cx prestige et R4 de fonction sur le parking.
C'est une édition Raymon "image de France" et j'adore ça.
Si vous savez qui a dessiné ça... faites tourner.

Marne-la-Vallée photographiée


Hier nous avons vu un ouvrage sur l'œuvre de Ricardo Bofill assez étonnant. Pourquoi ne pas continuer aujourd'hui avec une autre publication remarquable tant par l'objet visé que par la qualité éditoriale.
Il s'agit à nouveau d'un porte-folio sous forme de valisette transparente contenant un ensemble de photographies réalisées par Batho, Bricage, Dityvon et Sieff.
Une commande : faire des photographies de la ville nouvelle, chacun s'attachant à en donner son idée. Ce qui est intéressant par rapport à l'objectif (sans jeu de mot) de ce blog c'est bien évidemment la question du point de vue de photographes plasticiens contre ou avec les photographes d'éditeurs de cartes postales. On comprend en feuilletant les images que l'architecture y est souvent traitée soit comme un fond habité sur lesquels se découpent les gens mis en avant ou comme un registre dans lequel on cadre pour dégager des formes et des compositions souvent rythmiques et abstraites. Aucun ne s'interroge sur la valeur architectonique (comment c'est bâti), aucun ne recule pour saisir le construit dans un paysage dont il serait le formateur. L'architecture n'est pas l'objet mais le lieu. Bien évidemment, ce n'est pas le cas de tous les photographes plasticiens mais c'est bien ce qui se dégage de ce porte-folio, un attachement à ceux qui vivent là au risque d'atténuer la réalité physique et puissante (donc déterminante) de l'architecture. Quelque chose comme une sensualité, une politique qui ne pourrait se cristaliser que sur une proximité de l'objectif avec son sujet d'où parfois une matérialité baroque alliant les obliques et les grains de la pellicule.
L'ensemble laisse un sentiment parfois de clôture pour ne pas dire d'enfermement. On a parfois envie de voir enfin la ville pour ce qu'elle est même si les habitants, ceux qui vivent là sont photographiés avec beaucoup d'humanité, d'humour et avec un respect participatif.
Mais je ne comprends pas Marne-la-Vallée. Je ne comprends pas son plan, son échelle. Je ne sais rien des visées et des ouvertures. Je ne sais rien d'un cheminement possible, de l'alternance des vides (peut-être un peu le ciel) et des pleins.
Les photographes de cartes postales fabriquent des images. Il s'attachent à ce que l'on pourrait qualifier de fidélité à la réalité du bâti. De loin, plus c'est haut, ils captent la globalité contre le particulier de manière à ce que, croient-ils, chacun s'y retrouve, s'y projette, inventant ainsi la grille de la reconnaissance. C'est à la fois eux qui inventent et c'est à la fois les photographes les plus piégés du monde. Ils travaillent pour une idée de la photographie. Ils sont photographes de genre. Ce genre c'est un détachement, ils n'habitent pas là, ils sont souvent des photographes de passage et tirent le portrait de la ville comme on tire le portrait d'une classe à l'école. Chacun est à sa place. Mais justement c'est là dans un mélange subtil d'objectivité et d'enjolivement (mise en valeur, la ville est passée chez le coiffeur) que se situe la puissance de fascination de ce type d'images. Quand surgit le particulier, l'animation, l'incontrôlable et l'éphémère. Quand la surface bien lisse du papier couché se trouble légèrement du flou d'une automobile, d'un enfant qui fixe le photographe, d'un parterre de fleurs trop présent.
Je peux alors y aller. M'y installer depuis ma bibliothèque et être certain que si je fais le voyage, il ne sera pas ce que j'ai attendu, il ne sera pas un travail dirigé. Je veux dire que je ferai le voyage seul, sans un photographe pour me donner la main, pour pointer du doigt ce qu'il faut regarder ni qui il faut rencontrer.
Cette liberté m'est chère mais elle n'implique pas que je ne puisse pas aimer un autre type de photographie, celle qui se veut plus captive et prédatrice, celle d'une personnalité ayant quelque chose à dire de quelque chose à voir.
Dans ce porte-folio il est rare de voir les bâtiments de Ricardo Bofill, construction pourtant si photogénique. Ils ont renoncé à cette évidence, presque aux avances de l'architecture. Ils ont composé, rencontré et visé. C'est beau et émouvant.
Le porte-folio est édité chez BEBA en 1987. il ne faut pas oublier les textes de Harry Mathews et Valère Novarina pour lequel j'ai un attachement particulier, ayant réalisé à partir de son "Le drame de la vie" un travail lorsque j'étais étudiant aux Beaux-Arts de Rouen.
Voici : photographies de Batho.




Voici : photographie de Bricage.

Voici : photographies de Dityvon



Voici : photographies de Sieff.

mercredi 29 octobre 2008

Ricardo Bofill version luxe


Mon ami Olivier m'avait prévenu. C'est un gros truc.
Olivier avait chiné quelque chose qui pourrait m'intéresser.
Hier j'ai vu et je suis revenu avec.
C'est un gros truc, en effet.
Il s'agit d'un porte-folio édité par L'Equerre dont la conception est due à Annabelle d'Huart. Cela fut publié en 1981 et évoque plusieurs des réalisations de l'architecte Ricardo Bofill comme Marne-la-Vallée, Antigone et Saint-Quentin-en-Yvelynes. C'est luxueux, un brin pompeux mais terriblement incroyable et déjanté. Quelle idée !
Je n'arrive pas bien à comprendre la logique éditoriale d'un tel monument livresque. Publication pour remercier des partenaires de travail (politiques et entrepreneuriaux), auto-promotion glorifiante, vraie démarche d'hédonisme sur son propre travail ...
Je ne sais...
C'est évidemment plein de références classiques allant de la Cité Idéale de Francesco di Giorgio à Gaudi (en n'oubliant pas Donald Judd et Ledoux !!). On y trouve toutes les justifications du Monde et... on finit par y croire !
Ma visite récente à Antigone ne m'a pas laissé un mauvais souvenir. Souvent du théâtre je n'aime que le décor. Et puis il y a des jeux d'échelle, des faux-semblants, du regard dupé et la nique au modernisme faite un peu à la manière de learning Las Vegas. J'y vois les folies d'un Piranèse, les espaces d'un de Chirico. On cache (comme si c'était nécessaire) les escaliers dans des colonnes qui ne portent rien d'autre qu'une image de colonne et dans l'épaisseur enflée à l'extrême d'une chapelle baroque on installe des appartements. Oui.


Je vous laisse juge en regardant et en lisant quelques lignes de l'ouvrage. Pour ma part, je sens le début du commencement d'un vif intérêt pour ce cheminement. Je me souviens, qu'envers et contre tous, j'eus ce geste fondateur d'être le seul élève de ma classe de cinquième à lever la main à la question du professeur de géographie et d'histoire : "Quels sont ceux qui aiment la ville nouvelle du Vaudreuil ?"
Dois-je de la même manière, seul dans mon entourage et par esprit de justice offrir (en-a-t-il besoin ?) au moins un défenseur à Monsieur Bofill ?
Mon pied nu à la sandale germanique sur l'ouvrage est juste une manière de vous donner l'échelle. Quoique...




mardi 28 octobre 2008

trois piscines, deux architectes


Il y a bien longtemps que je possède cette carte postale de la Nuova Piscina coperta de Salsomaggiore en Italie. Très longtemps que j'admire cette structure dure, implacable et rigoriste parfaitement dessinée et puissante. J'avais déjà entrepris des recherches pour retrouver le nom de ou des architectes mais sans succès. Ce matin je remets ça sous l'ambiance sonore de deux neveux turbulents mais si sympathiques. Je ne renoncerai pas cette fois-ci, je trouverai.
Plus d'une heure après, oui, je trouve enfin une piste sur un site de thermalisme et d'hôtellerie italiens : Franco Albini et Franca Helg.
J'apprends.
J'apprends qu'il s'agit des architectes et designers parmi les plus grands de la rationalité italienne, rien moins que ça. Pourtant un doute demeure (très léger) quant à la réalité du dessin de cette piscine par ce duo. En effet le complexe thermal lui-même est bien repéré mais la piscine est rarement évoquée. Tout de même...
Mais pourquoi aucun site d'architecture ne propose la réponse directement sous Google ? Quels sont les méandres du logarithme qui va chercher si loin ? Une fois les noms de Franco Albini et Franca Helg découverts, il devient possible de recoller les morceaux. Etrange.
Mais enfin, c'est fait, c'est classé. La carte postale est une édition Rotacolor photographie de Crovini.

Je n'aurai pas cette chance avec les deux autres piscines dont les architectes resteront inconnus. Pourtant il est beau ce plafond courbe en lamellé-collé qui semble sans appui. La surface couverte a l'air incroyable, si on prend garde à chercher les murs on va très loin au fond. C'est même assez incroyable, cela laisse penser un peu à un triangle reposant sur les pointes. Il s'agit de la piscine de Große Kreisstadt Sindelfinden/Württ (sic).

Finissons avec la piscine de Goussainville montée sur rails et qui semble s'ouvrir aux beaux jours. C'est bien moins élégant que celles de Monsieur Schoeller, entre un bâtiment agricole et un gymnase bon marché mais sûrement que cela devait être drôle de voir cette structure en mouvement. La carte est une édition Abeille en couleurs naturelles photographiée par Rolf Walter.
Les piscines sont toujours des morceaux de choix pour les architectes. Vous ai-je déjà parlé de celle de Monsieur Taillibert à Deauville ?

lundi 27 octobre 2008

à l'est du gradin



Voici deux cartes postales de régions situées un peu à l'est de l'Europe et qui prouvent le goût pour une architecture en décrochement, en gradin, en marche d'escalier. Je sais peu de choses sur l'une et l'autre, les deux images étant intitulées en cyrillique ou en anglais.
Je commence avec l'Hôtel Pomorie, carte expédiée en 1984 vers la D.D.R. C'est un hôtel situé en Bulgarie qui existe toujours. On remarquera que les occupants des chambres font pendre leur linge aux fenêtres (pas de service lingerie dans cet hôtel ?) à moins qu'il ne s'agisse que des accessoires de la baignade sous le porte-à-faux incroyable de l'Hôtel ! Je n'ai pas le nom de l'architecte. C'est puissant non ?

Le Recreation Home KPVDSz of the Trade Unions (!?) nous vient de Budapest. On devine dans le K le parti communiste. La photographie fut prise par Gabler Csaba et c'est imprimé par Offset-Nyomda. Pas de date. On devine un lieu de villégiature pour les apparatchiks du Parti. C'est élégant et sans surprise et on devine un jeu de coursives permettant de passer par l'extérieur pour rejoindre les étages.
Pas de nom d'architecte.
Que sont devenus ces bâtiments ? Des lieux de villégiatures plus libéraux et privatisés par des Club Med locaux ?

samedi 25 octobre 2008

j'adhère à l'ADER

Je viens de trouver le site de l'Association de défense de l'église de Royan.
Je viens donc d'envoyer ma souscription.
Si vous aimez ce lieu, si vous aimez ce bâtiment, si vous aimez Royan, si vous aimez le béton lyrique et puissant, si vous aimez l'idée que vous pourrez toujours voir cette église de Monsieur Gillet, alors vous allez adhérer. Il ne vous en coûtera que 20 euros et comme vous êtes généreux, puisque vous aimez l'architecture, vous ferez en plus un petit don qui vous sera déduit de vos impôts...
ADHEREZ MAINTENANT !!
http://www.notre-dame-royan.com/contact

bunker et culture et couleurs



Il semble que la Maison des Jeunes de la Culture de Troyes eut droit à une iconographie riche. Voici en effet une nouvelle découverte : il s'agit d'une carte éditée par Combier en 1965. Elle nous montre la construction de Claude Parent en couleur sur un papier mat ce qui est rare pour des cartes postales. L'image possède un grain très présent. On remarque immédiatement que la maison présente sur le fond de la carte présentée au début du mois a disparu et que des grilles sont toujours posées devant l'édifice ce qui peut laisser penser à son inachèvement. Une voiture est étrangement encastrée sous le bâtiment. La petite Simca Aronde bicolore donne à tout cela une ambiance très années 60.
C'est beau.
Surtout ce volume aveugle très mystérieux qui contraste de façon remarquable avec les baies vitrées. Cela fait pas moins de trois images pour Troyes : le compte est bon ?

j'y suis



Ma Chère Jacquelyne, une carte qui vous était destinée depuis le mois de mai. une X là où nous sommes il manque la Tour juste de l'autre côté de la route.
Françoise saisit tout. A la fois elle indique précisement sa situation l'inscrit d'une manière fine et discrète et dans le même temps signale que l'image a un cadre, que celui-ci est toujours insuffisant à rendre la totalité du monde. Il est la visée du photographe, il n'est pas la vie de Françoise et le monsieur du premier plan est saisi dans ce cadre à jamais. D'un regard que l'on devine intense il fixe pendant un 125 ème de seconde son image retournée au cœur de l'appareil photographique. Peut-être que lui aussi a marqué d'une croix non seulement le lieu de son habitation mais sa présence. Une chance rare et comme me le demande Claude : qui a eu cette chance de se voir ainsi emprisonné, cloué comme un papillon dans le cadre idéal d'une carte postale ?
La carte nous montre Ermont en Seine et Oise, la route de Saint Leu aux éditions Combier.


Pour cette carte de Villeneuve-Loubet que vous connaissez bien (voir article du 9 septembre 2008) la correspondante n'a pas cru bon redire sa localisation laissant à Blanche la destinataire le plaisir de découvrir le lieu. On ne sait pas si d'ailleurs celui-ci est un lieu temporaire ou un lieu permanent mais on comprend la fierté de découvrir chez le marchand de cartes postales que son balcon est représenté. Est-ce ainsi que l'ensemble des propriétaires de balcons ont fait pour indiquer leur propriété ? Il faudra collectionner l'ensemble des cartes postales d'un même lieu marqué par un ensemble de correspondants... Compléter la grille. La carte est une édition La Cigogne.



C'est dans cette Tour "Atlantique" que j'avais un rendez-vous parisien avec la SAGA qui d'ailleurs t'avait téléphoné. G.B le 29 mai 79
Comme c'est précis. Deux croix l'une pour la tour l'autre pour la fenêtre. Rendez-vous d'affaire, de travail ? En tout cas besoin clair et puissant de permettre à l'autre le partage de l'expérience parisienne. La carte est une édition Lyna dont je chante si souvent les louanges. La Tour Atlantique est une œuvre de Delb, Chesneau, Verola et Lalande d'après Wikipédia et la Tour du Crédit Lyonnais est de Jean Dubuisson.


Carte muette. Seule, tel un étendard, triomphe l'indication "restaurant tournant" sur le ciel de cette carte postale de la Tour de l'Europe à Mulhouse. L'éditeur La Cigogne est plus bavard et nous indique la hauteur 100m et le nom des architectes MM Spoerry et Michau. Manger dans un restaurant qui tourne... le cœur.

vous êtes ici, enfin presque




Je reprends un peu le filon d'Alphonse Allais avec, à nouveaux trois cartes postales monochromes. Outre qu'elles se placent dans cette tradition pataphysicienne, elles m'offrent également l'occasion d'évoquer les débuts de ma traque de cartes postales.
Voyez-vous, au commencement était le goût pour la carte postale proposant sur son recto un signe, une marque de l'expéditeur indiquant sa situation, sa localisation. Une croix, une flèche ou encore un rond permettaient au destinataire de se projeter plus précisément sur le lieu du correspondant. Comme pour les cartes aux trésors de notre enfance, Jules Verne, Stevenson et tant d'autres, il s'agit d'un acte que je trouve assez fort, un acte de marquage une manière d'appropriation. Ici et pas ailleurs, je suis dans l'image, je la parcours, j'en fais une réalité dépassant ainsi le registre pur de l'image pour le destinataire qui, lui, de fait et même s'il connaît le lieu n'est pas là avec la même intensité car maintenant que le marquage est effectué il s'agit à la fois d'une image et à la fois du lieu, du réel. Une distanciation donc pour le destinataire toujours moins précisément là que l'expéditeur qui lui fait acte de personnalisation. Il EST Là en puissance, gravé (le couchage vernis de la carte postale ne résiste pas au stylo bic) dans l'image. Pourtant il y a une difficulté pour l'expéditeur : la précision. Alors un registre de signes est inventé : la croix est bien connue mais souvent en même temps qu'elle signale elle camoufle... La flèche indique mais peut aussi contrarier le point de vue, elle pointe non pas tant le sens du point de vue de l'expéditeur que le signalement de son fait : écart... Le cercle est une tentative plus juste mais étrangement plus rare certainement parce que son graphisme se doit d'être parfait au risque de virer à la patate désagréable et gâcheuse d'image. Le cercle est réservé aux personnes certaines de leur coup de crayon, habiles et précises.
C'est en regardant ces cartes postales que je découvris qu'au verso était parfois indiqué le nom de l'architecte. C'est en regardant ces cartes postales que je pris la décision de collecter celles-ci et d'aller voir si du haut de la fenêtre du vingtième étage, si depuis la plage, si ces vues, lieux marqués sont toujours d'actualité.
Une croix, un cercle, une flèche souvent des signes de fierté, de désir de cocher la grille d'un grand ensemble comme on coche la grille du loto afin de sortir de l'image et dans un geste simple et simultané de s'y inscrire.

Les graphistes connaissent bien cette pratique et impriment des cartes comme celle-ci avec déjà des signes comme "mon bureau" (Barcelone !) pour cette carte du Ministère des Affaires Etrangères proposant des stages à l'étranger et éditée par CartCom.
Finalement les fonds monochromes des cartes postales humoristiques démontrent que l'important n'est pas tellement le lieu qui s'écrase en un aplat de couleur que le fait même d'y être et cela toujours contre celui qui n'y est pas. Petite violence amicale, petite aiguille piquée dans l'œil, la distance étant à jamais impossible à combler par une image du moins tant que les voyages simultanés de Gaston de Pawlowski décrits dans le Voyage dans la Quatrième Dimension ne seront pas inventés. Le don d'ubiquité est encore un don du ciel pour les Supers-héros. Je vous le disais au début Alphonse Allais est parmi nous.
Les cartes postales monochromes sont éditées par Le Coffre à Malices à Challans, sans date.

mardi 21 octobre 2008

Twingo bibliothèque


Je m'aperçois que je ne vous ai pas informés que nous (Claude Lothier et moi-même) avions lancé un atelier avec nos étudiants aux Beaux-Arts du Mans autour de la carte postale de l'architecture et du point de vue des artistes face à ce module. (Ça vous rappelle quelque chose ?)
Une partie de la collection a donc pris la route, de nuit vers le Mans.
Nous avons décidé de relancer le site "des vues du Mans qui manquent". Il faudra y faire un tour. Nous ferons de ce blog un centre d'études, un lieu de rencontre et une immense banque d'images possibles, existantes, rêvées et indécises. Il s'agira de recherches et de créations et il s'agira de jubilation.
http://lesvuesdumansquimanquent.blogspot.com/

lundi 20 octobre 2008

encore un peu d'église





Puisque les choses se croisent poursuivons avec encore un peu de religion et d'architecture.
Samedi après-midi, en me rendant à la Galerie du Bellay qui propose une exposition passionnante de vidéos et d'œuvres choisies judicieusement dans le fond du F.R.A.C de Haute Normandie articulant la question du cinéma dans l'art contemporain, je me suis arrêté à l'église de Mont-Saint- Aignan.

Il s'agit de Notre-Dame de Miséricorde au centre Colbert dont vous avez déjà eu connaissance. Je suis passé devant cette église un peu en retrait des dizaines de fois en me jurant de m'y arrêter : c'est fait. Il faut dire que j'étais motivé par la découverte successive de deux cartes postales la représentant et c'était sans doute un excellent déclencheur.
Elle est comme beaucoup de ces églises de cette époque se voulant moderne et discrète, contemporaine mais pas effrayante. Il faut dire qu'à Rouen le syndrome Arretche était fort et les architectes devaient se méfier de formes par trop voyantes. Elle est modeste et cherche surtout à rassurer et inviter le fidèle sous son énorme toit d'ardoise évoquant les églises des villages normands. La modernité est surtout présente par une géométrie du toit accusant la pointe et la pente et par des vitraux en dalles de verre si typiques de cette période et qui sont parfois réussis parfois ratés. Ici c'est de qualité, laissant une belle lumière pénétrer le bâtiment tout en offrant des pierres et des verres superbes dans lesquels l'œil découvre des fossiles et des bulles colorées. La monumentalité est tout entière dans le chapeau de l'entrée accueillant et ouvert. Le sol en pente vers le chœur permet de bien lire la charpente en lamellé-collé, là aussi matériau de cette époque.

Jeu de volumes, croisements des bois offrent un rythme et un jeu plastique agréable et un volume à l'echelle humaine. On est un peu étonné par le resserrement vers le chœur qui s'écrase en pointe sous la descente du toit. De chaque côté de l'entrée et sous l'orgue on trouve à droite une tout petite pièce avec le bénitier et à gauche une identique pour les confessions.

Les chaises Mullca 510 tournent le dos aux pénitents pris dans un coin sous un aquarium de verre...
Un baptême se préparait ce qui me valut le droit d'entrée et un large sourire du prêtre. C'est déjà ça.


La carte postale de l'intérieur de l'église nous montre celle-ci en plein fonctionnement avec une messe. C'est très rare de choisir ce moment pour une carte postale et je me demande bien pourquoi d'ailleurs. On perçoit bien la charpente, bien mieux que sur mes clichés et le point de vue est placé sur la mezzanine (quel nom autre ?) de l'orgue. C'est l'hiver sûrement car tout le monde est habillé chaudement. Oui je sais en Normandie l'hiver commence au mois de septembre et finit en mai... Peut-être qu'un fidèle de la paroisse se souvient de ce jour (le jour du sacrement de l'église ?) Une date est visible encore au crayon sur les charpentes, le 9 avril 1973. Mais l'église daterait de 1970.

Une autre marque attira mon attention, une marque de charpentier je crois, placée sous une poutre. Si vous connaisez ce signe... Expliquez-moi. Cette carte est une édition Eurolux photographie de Candelier Brumaire.

L'autre carte aux éditions Kettler, en couleurs naturelles nous montre l'entrée et son toit en casquette. Derrière les pans de verre un peu sombres, l'orgue dort.
Les architectes sont Messieurs Lefebvre et Rauscher.